mercredi 13 avril 2022

 Mardi 29 mars


Grotte du Chasserou ( Vallon Pont d'Arc )

Lionel Barriquand, Laurent Bruxelles, Fiona et Bastien Chazelle, Elodie Dardenne, Jean-Yves Bigot, Décio Muianga, Bastien Rodier, Judi, Anne-Marie.


     Suite à une rencontre de karstologues en Ardèche le week-end précédent, certains d'entre eux en ont profité pour rester deux jours de plus et visiter les grottes locales avec une approche nouvelle : revoir des cavités connues en essayant de repérer notamment des traces d'occupation humaine et animale. Il s'agit aussi pour Lionel qui termine sa thèse sur la bio-corrosion de documenter d'éventuelles zones bio-corrodées.
     Pour la troisième fois je suis invitée à me joindre à l'équipe de Lionel et Laurent. Non je ne suis pas devenue scientifique, dans ces sorties je ne sers pas à grand chose sinon à donner un coup de main pour porter des flashs, tirer des kits, aider ceux des scientifiques un peu novices sur le plan des techniques spéléo et accessoirement, jouer les modèles pour les photos. Mais quel bonheur que celui d'être accompagné de scientifiques qui permettent de voir la cavité sous un autre jour. 


Photo : Lionel Barriquand.

     Il s'agit donc de passer le Chasserou au peigne fin, si l'on peut dire, de la nouvelle approche. Dès la zone d'entrée, Jean-Yves repère des polis . Lionel flashe sur une coupole  bio-corrodée par un rhinolophe. Alors là ,il me scotche : comment sait -il que c'est un rhinolophe ? En fait, il paraît que cette espèce de chauves-souris s'accroche à l'extrémité des stalactites, ce qui produit une forme de corrosion très particulière. Moi, à part les polis, je ne vois rien. A chaque fois il faut que l'on me montre, que l'on m'explique; ce que Lionel et Laurent font avec beaucoup de pédagogie.              Après la zone d'entrée, on emprunte un pertuis d'une dizaine de mètres qui, après une étroiture et une belle main courante équipée par Judi, nous amène en haut d'une sorte de toboggan quelque peu glaiseux. Je donne un coup de main à Elodie pour le passage du kit et pour accompagner Décio, l'archéologue du Mozambique, dans les manoeuvres de mousquetons. Enfin nous parvenons au chaos de blocs au fond d'une salle de belles dimensions. 

     C'est là que Pat, Kimi, Thierry, Patrick et Gillou ont accompli une escalade de 26 mètres en 2016. Franchement, vu d'en bas, cela m'impressionne : chapeau les gars !

En haut à gauche l'accès à la petite salle " la France d'en haut " ( Escalade S.C.A. 2016 ) .Photo Lionel Barriquand.

    Après avoir partagé un solide casse -croûte et avoir rencontré des collégiens de Vallon encadrés par les aspirants D.E., notre vaillante équipe attaque les photos des zones bio-corrodées et des stalactites "à bout blanc" .

A l'extrémité des stalactites, les fameux bouts blancs. Photo : Lionel Barriquand.

      Ces mystérieux "bouts blancs" semblent être, eux aussi, le résultat de la bio-corrosion. Je joue les porte-projecteurs puis nous nous déplaçons sur le côté, vers un éboulis de gélifracts ( j'utilise le vocabulaire que j'ai appris... ) dont Laurent nous explique de façon très imagée le fonctionnement. A chaque glaciation, la vitesse de descente de l'éboulis augmente; les plus gros gélifracts, toujours en surface, fonctionnant comme les chenilles d'un char d'assaut : lorsqu'ils arrivent en bas de la pente, ils passent sous l'éboulis et assurent une sorte de lubrification à l'ensemble. Entre deux glaciations, l'éboulis ralentit, se figeant même par de la calcite. Si on effectuait une coupe de l'éboulis, on pourrait repérer chacune des dernières glaciations. J'apprends aussi que ce type d'éboulis indique systématiquement une sortie proche ( mais parfois obturée ) puisque les gélifracts proviennent forcément de l'extérieur.

L'éboulis de gélifracts. Photo : Lionel Barriquand
     Au bas de l'éboulis, Judi repère un magnifique disque qui, de par son emplacement et la possibilité pour nous de le surplomber, nous dévoile le mécanisme, pas si simple, de sa formation.

Le disque pédagogique. Photo : Lionel Barriquand.
      
     Nous terminons la journée par la visite des recoins les plus intimes du Chasserou dont notre Bastien nous fait les honneurs. La remontée du puits est parfois un peu épique pour certains : les kits ont tendance à se coincer méchamment sur les lames et Décio remonte au jumar pour la deuxième fois de sa vie. Pour cette visite, nous avons explosé les TPST : 6 heures !... Record de lenteur.
    Mais, comme à chaque fois, je me suis régalée. Si d'aventure les amis scientifiques reviennent dans le coin ... j'espère qu'ils me réinviteront !

                                                                  Anne-Marie

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