dimanche 26 avril 2020

     Pour continuer sur le thème du gouffre Berger, Hubert exhume aujourd'hui de ses carnets le récit de la première prise de contact du club avec cette cavité. 

     C'était à l'occasion d'un long secours en cette année de contestation...


1965 : Max Gély, Jacques Felenc, Roland Oddes et "Jeff" (Michel Etienne )


Sauvetage au Gouffre Berger  Août 1968



     Début août nous étions une partie des spéléos d’Aubenas en Bretagne pour passer des vacances et découvrir une région. Nous quittons la Bretagne et descendons à Biarritz en longeant la côte avec le voilier de l'oncle de Daniel Duchamp. Le 16 août nous partons de Biarritz pour Aubenas avec l’Ami 6 de la famille Lauriol et ma petite Fiat 500. Nous partons de Biarritz en fin de matinée et nous arrivons à Aubenas à 1h du matin le 17 août.
     Dans l’après-midi nous avons un appel de la protection civile pour nous annoncer qu’il y a un grave accident au gouffre Berger dans le Vercors. Le soir à 22h nous partons pour le gouffre avec notre Frégate et nous arrivons à 4h du matin au gouffre Berger. Petit repas puis nous nous préparons. A 7h du matin notre équipe ardéchoise va descendre. L’équipe est formée de "Popeye" ( Jean-Louis Bayle ), Roland Oddes, Max Gély, "Alouze" ( Alain Lamotte ) , Daniel Duchamp et Hubert Oddes.
     Nous sommes assez étonnés d’être la seconde équipe à arriver au gouffre Berger pour participer aux secours, bien que nous soyons à 180 km de là et c’est pour cette raison que nous descendons dès notre arrivée. Ce sera notre première découverte du gouffre Berger, mais à cette époque nous étions entrain d’explorer le gouffre de la Fromagère qui est situé à 30 minutes de l’entrée du Berger.
     La descente s’effectue bien ainsi que les passages en canots du lac Cadoux. Arrivée à -500 nous nous restaurons un peu puis allons à -650 vers le blessé. C’est un anglais il s’appelle Yves Peters, il a fait une chute d’une dizaine de mètres et souffre de multiples fractures. Un infirmier est déjà présent à côté de lui pour lui injecter de la morphine afin qu’il puisse supporter la douleur lors de la remontée.
     Nous sommes la première équipe à arriver près du blessé, celui-ci est préparé pour être mis sur la civière puis la remontée commence. Lente, avec de nombreuses tyroliennes, c’est-à-dire que nous tendons un câble dans la grande galerie sur une distance assez grande et nous fixons la civière avec des poulies sur ce câble et nous la tirons.
A un moment le câble lâche et le brancard tombe de deux mètres sur la tête d’"Alouze" et sur le dos d’un spéléo d’Autrans. On a peur que le blessé en ait souffert. "Alouze" est un peu sonné, il est assis par terre. En reprenant ses esprits il se précipite vers la civière qu’il retourne et le blessé lui répond « ça va, je n’ai rien ».
     Heureusement il n’a rien. La remontée est assez difficile dans le Grand Canyon à travers les éboulis et nous avons vraiment sommeil. Nous remonterons le blessé de -650 à – 500. Là d’autres équipes arrivent pour prendre le relais et à 2h du matin nous attaquons notre remontée. En 1h nous sommes à -250 au bas du puits Aldo, là les difficultés dues à la fatigue commencent. Les crampes aux bras nous obligent à de fréquents arrêts sur nos petites échelles souples en acier et finalement 5h après nous sortons à 7h du matin.
     Lors de la remontée dans les puits, Roland, qui est juste devant "Alouze", l’aide et le réveille quand il s’endort à chaque arrêt sur les échelles. Il m’arrive de m’endormir aussi au moment où l’on mousquetonne sur les barreaux pour se reposer et la sortie nous paraîtra longue. Nous restons voir s'ils ont besoin de nous à l’entrée du gouffre, mais des spéléos affluent de toute la région, les médias sont là et devant ce « barnum » nous repartons pour l’Ardèche.
     Le blessé sera sorti en 5 jours, il sera maintenu sous morphine à cause de ses multiples fractures, mais il s’en sortira bien, sans séquelles.
      Ce fut une très bonne expérience pour nous quoique très dure vu le manque de sommeil, pratiquement 3 jours pour certains.

     A la Molière, un gars inconnu nous remet 50 Francs, ce fut un beau geste...


Première descente des gorges. "Jeff", Roland Oddes. ( On pouvait dormir, faire du feu, c'était la liberté totale ! Heureux jours... Notre première descente date du 16 juillet 1964, nous étions seuls avec des chambres à air pour porter la bouffe, pas de canoë, seul des campings naturistes 2 ou 3 il me semble... ) 


Dans les gorges. Alain Chauvet ( non spéléo d'Aubenas ), Pierre Debanne, Marc Lauriol ( frère de "Bédigue" mais ne faisait pas de spéléo ), Jacques Felenc, Hubert Oddes et "Jeff" ( Michel Etienne).

Printemps 1974. Pompage du premier siphon de la grotte de Chabanne. A gauche Jeannot Gilly, tout à droite : Roland Oddes et Gilbert Platier.



                                                                                      Hubert Oddes

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