mercredi 18 septembre 2024

 Jeudi 29 août 

Grotte - Résurgence du Courant d'air ( St Agnan en Vercors )

     Profitant d'une accalmie météo, je me re-motive ( avec un peu de mal ) pour aller tirer de la topo dans ce trou froid, humide et particulièrement inhospitalier. ( voir CR du 25/10/2021 ).

     Comme d'habitude, je pars la veille coucher sur place. Surprise en arrivant : de grands panneaux indiquent que la piste est fermée et interdite à la circulation durant les travaux d'aménagement au Trou de l'Aygue. Aïe ! ça va me faire une bonne marche d'approche demain... Je tente le coup et m'avance quand même et constate avec soulagement que la piste n'est coupée qu'à partir du pont des Scies et qu'on peut emprunter librement, à partir de cette bifurcation, la piste en rive gauche. Ouf ! je vais m'économiser deux bons kilomètres. 

L'épingle à cheveux, départ du sentier et seul endroit plat où se garer après 2 km de piste.

      Le lendemain, une fois la ponto enfilée, je file vers le siphon aval pour récupérer la sonde Reefnet installée 3 ans plus tôt ( voir infra ).

     Il me faudra 3/4 d'heure pour l'extirper à cause d'un goujon qui a eu la mauvaise idée de tourner dans le vide. 

Le siphon aval avec la cornière au bout de laquelle est fixée la sonde Reefnet.

     Deux heures plus tard, j'arrive enfin à pied d'oeuvre dans l'amont après avoir franchi cette angoissante trémie malsaine donnant accès au Grand Méandre et que j'avais complètement oubliée. La topo peut commencer mais les bons passages ne sont pas faciles à trouver dans ce méandre haut de 15 mètres et encombré de trémies suspendues. Malgré mon balisage des années 90, ça ne loupe pas, je m'enquille au mauvais endroit et topographie pour rien un long cul de sac. J'arrête momentanément la topo pour aller repérer la "bonne suite" et stoppe sur une étroiture peu engageante au plafond qui ne me dis rien du tout. Je topote au retour en réalisant un long bouclage inutile. Mais après avoir fouillé partout je m'aperçois que la suite est bien derrière cette fichue chatière. J'ai réussi à m'enduire de mondmilch, je commence à être bien mouillé et il ne fait que 5°. La motivation est tombée d'un cran et je décide d'arrêter là.

   Je suis à + 151 m pour 1671 m topographiés.

   Je range mon barda, grignote un morceau et fais demi tour la queue basse car le bilan n'est pas fameux du tout. Je suis resté 11 h en faisant 3 heures de topo pour ramener 100 métres de visées utiles et suis sorti bien rinçé...

     La bonne nouvelle viendra, de retour au bercail, du Reefnet. En effet, contre toute attente, Judi a réussi à extraire toutes les données de la sonde qui a enregistré heure par heure pendant 34 mois les hauteurs d'eau et la température au siphon aval.

Topographie en coupe de la zone d'entrée.

Courbe de restitution Reefnet 2021/2024 : En rouge la hauteur d'eau au siphon aval, en bleu la température. L'abscisse en pas de deux mois, en ordonnée la pression relevée correspondant à une hauteur d'eau.  

     
   - Le bas de la courbe ( 850 hPa ) correspond au niveau d'étiage maxi : débit rivière d'environ 1l/s.

         - Le haut de la courbe est écrêté ( 1520 hPa ) car, lorsque la mise en charge atteint +7m par rapport au zéro du siphon aval, l'eau s'écoule en trop plein à l'extérieur par le laminoir d'entrée et ne peut pas monter plus haut.

         - Si l'on zoome sur la courbe, on constate que la mise en charge totale la plus rapide enregistrée a eu lieu en octobre 2023. En seulement 2 heures le siphon ( 200 m, + 7 m ) s'est rempli, vomissant par l'entrée un flot estimé entre 100 et 200 l/s. D'après les relevées de la station météo du Col du Rousset cela correspond à un redoux et pluie sur neige ( 6 cm en 7 h ) avec un décalage d'environ 3 heures.

          - Le dénoiement partiel libérant le laminoir d'entrée le plus rapide est de l'ordre d'une semaine ( conditions exeptionnelles ). 

   Le temps moyen d'une vidange totale est d'un peu plus  d'un mois ( s'il ne pleut pas ! ). C'est long car le siphon aval est minuscule, l'eau s'évacue par un  inter-strate centimétrique jusqu'à la résurgence qui ne peut évacuer qu'environ 1l/s maximum.


Le siphon aval à un niveau d'étiage maxi : largeur 15 cm.

La résurgence pérenne impénétrable. Distance à vol d'oiseau avec le siphon : une vingtaine de mètres.

          - D'octobre 2023 à août 2024 la cavité est restée noyée et inaccessible durant 10 mois consécutifs. ( J'ai trouvé à deux endroits sur une banquette deux cadavres de chauve souris qui se sont fait coincer et sont vraisemblablement mortes de faim ). 

   Quant à la température elle fluctue très peu et reste autour des 5°.

   Conclusion :

     La lecture de la courbe confirme mes observations que j'ai pu faire durant toutes ces années. La cavité réagit très rapidement aux précipitations, sa mise en charge peut être fulgurante et elle peut rester noyée durant une très longue période. Son accès ne peut se faire qu'en été ( Août semble être le meilleur mois ) ou lors d'un hiver bien froid. Dans les deux cas, une météo au beau fixe est nécessaire pour une incursion en toute sécurité.

                                                                              Pat

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