samedi 18 novembre 2023

Lundi 6, mardi 7, mercredi 8 novembre.


Trou du Rat ( Pradelle / Drôme )


Noé Vergez ( G.A.S.O.I.L. ), Judi, Pat. 


Lundi 6 novembre

     Nous sommes de nouveau à Saillans pour retrouver Stéphane Vincent de la L.P.O. pour notre second opus topographique dans la réserve régionale. Je suis accompagné de Noé qui aura la charge du repérage et de l'équipement et de Judi qui sera aux manettes pour les prises de mesures.

     Nous avons prévu 4 journées car la cavité développe plus d'un kilomètre et est annoncée pour - 193 m. De plus, François Landry des GECKOS, auteur d'un précédent relevé, m'a glissé à l'oreille que le trou est bien décoré de nombreuses concrétions mais qu'il est aussi particulièrement boueux.

    Nous sommes avertis...

Pas de soucis pour trouver l'entrée, pourtant toute petite et bien planquée, car nous l'avons repérée la dernière fois ( voir CR du 8 octobre ). 

     Le début de la grotte est aisée, il n'y a aucune difficulté de cheminement car pas moins de 3 anciens câbles téléphoniques serpentent tout le long du parcours.


Tout près de l'entrée, une stalagmite partiellement enrobée d'un conglomérat de cailloux soudés. Vestiges d'un ancien remplissage décapé ?

     Nous descendons régulièrement dans une galerie inclinée où l'on zigzague à travers de nombreuses coulées et stalagmites malheureusement maculées d'une pellicule argileuse.

 Au fur et à mesure de notre avancée, les zones boueuses sont de plus en plus fréquentes. 


     Noé, parti en éclaireur, a repéré le départ du premier gros puits que l'on croise vers - 75 m à 300 m de l'entrée.

    Nous le rejoignons  après qu'il en ait amélioré l'équipement et cassons la croûte avant de descendre ce beau P33 décoré de grosses coulées colorées.

La vire d'accès au P33.


 Le fond à - 107 m est totalement colmaté.

Le fond sans suite du P33. 


Les belles coulées du bas du P33.


 Après 44 visées, c'est déjà l'heure de faire demi tour mais d'après l'ancienne topo, nous avons à peine fait le tiers du trou : demain il va falloir mettre le turbo...


 Mardi 7 novembre


    Je retrouve, à la gare, mes compagnons, qui ont couché sur place, pour une deuxième journée. Nous sommes rapidement à pied d'oeuvre pour reprendre nos visées. La suite de la cavité se révèle plus complexe avec pas mal de départs latéraux et toujours ce cocktail de concrétions, gours, coulées et passages glaiseux.


     Un P5, une remontée de 5m, heureusement équipée, et un toboggan de 6 m nous obligent à nous ré-équiper avec notre matériel qui s'est, petit à petit, bien englué. 



Sur le côté du toboggan de 6 m, une curieuse formation en relief dans la coulée : une corde ou un câble pris dans la calcite ?

     Nous arrivons enfin vers - 130 m, à 500 m de l'entrée au départ du "Méandre boueux" qui porte bien son nom mais n'est court que d'une cinquantaine de mètres. 

   Ensuite c'est la " Galerie des Bassines " et ses multiples gours profonds où les bottes sont appréciées. 

La vasque de - 106 ( que nous n'avons pas franchi ) et qui jonctionne plus bas avec la galerie principale.

      Il était d'ailleurs moins une que je sombre dans l'un d'entre eux qui nécessitait une escalade délicate que j'ai mal négocié... Heureusement, la poigne salvatrice de Noé m'a évité in-extremis un grand plouf... 

     La " Galerie des Bassines " s'achève sur un coude débouchant en balcon sur le côté d'une grosse galerie de 20X20 m. On y descend par un toboggan de 7 m le long d'une coulée.

En bas de la coulée l'arrivée dans la grosse galerie.

     A sa base, nous sommes à - 155 m et à 600 m de l'entrée. Tout le sol est recouvert d'une épaisseur de boue liquide de 15 cm : un mange-bottes idéal !

     La fin du gros touret des câbles des Ursus gît au beau milieu de la galerie. 

    Nous stoppons là notre travail pour aujourd'hui. Profitant, un peu plus haut, de la présence d'un gour actif, nous essayons de nettoyer au mieux notre matériel de remontée tout englaisé. 

Mercredi 8 novembre.

      L'équipe, maintenant bien rodée, est rapidement sur site où nous sommes accueillis par un soleil radieux qui facilitera le ré-enfilage de l'équipement nauséabond et humide laissé sur place depuis deux jours. Au loin, nous apercevons le sommet enneigé du grand Veymont qui pointe son nez derrière les falaises environnantes. Bon, trêve de contemplation, il nous faut boucler cette topo et si possible aujourd'hui !

    Nous filons vers la Grosse Galerie où nous retrouvons notre dernière station topo de la veille et la bouillasse.

     Nous nous dirigeons vers l'aval de la galerie qui se termine à -173 m sur une petite vasque au bout d'un tunnel dont le sol est un long lac de boue qui ferait le bonheur d'une harde de sangliers.

Le Tunnel et son cloaque.

La suite siphonnante et pas très engageante au point bas aval de la grande galerie à - 173 m.

     Pendant ce temps, Noé est parti installer quelques longueurs de cordes pour remonter aisément les coulées vers l'amont de la galerie. 

Une vasque dans la remontée amont de la grosse galerie.

     Il a ensuite sécurisé l'accès au départ du puits terminal équipé en fixe depuis 2013. Au sommet des remontées, nous arrivons à un col qui surplombe au nord un P8 tout rond et colmaté. 

Le fond du P8.

     Vers le sud, on emprunte une vire aérienne et glissante jusqu' à la lèvre du puits terminal de 45 m. En fait la première partie est un long toboggan boueux le long d'une coulée. Vingt mètres plus bas, les parois se resserrent et un jet vertical de 25 m fractionné nous amène au bas du puits. Au fond, un petit méandre descendant se termine sur un pertuis centimétrique où seule l'eau peut s'infiltrer. C'est le point bas du trou à - 182 m et notre dernière station topo. 

On ira pas plus bas aujourd'hui.

    Nous remontons alors en déséquipant et en regroupant les vieilles cordes en vue d'une future "dépollution". Il y aura besoin de main d'oeuvre car on trouve tout au long de la grotte le reliquat du matériel laissé par les explorateurs dans les années 70.

    Il nous aura fallu 3 jours où nous n'avons pas chômé pour venir à bout de ce trou du Rat.

    Nous avons réalisé 135 visées en essayant d'être exhaustifs. Le développement mesuré s'établit à 1083 m pour une dénivelée de 191 m ( - 182 m, + 9 m ). Néanmoins, nous n'avons pas pu topographier un réseau latéral proche de l'entrée car un éboulis de pierrailles en a partiellement bouché l'accès. D'après l'ancienne topo des Ursus ce réseau développerait environ 70 mètres.

     Nous rappelons pour mémoire que l'accès à cette cavité, comme ses voisines situées dans la réserve naturelle régionale de la grotte des Sadoux, est réglementé et soumis à autorisation.     

                                                                                                          Pat

vendredi 3 novembre 2023

Lundi 8 octobre

Grotte de St Régis ( Drôme )

Patrice Fialon ( CDS 26 ), Pat

     Nouvelle session de topographie de "grottes à chauve-souris" répondant à l'appel d'offre de la LPO de la Drôme pour 2023 ( Voir CR du 20/10/23  ). Les trois cavités au programme sont situées dans la réserve naturelle régionale de la grotte des Sadoux dans la vallée de la Courance au sein de la forêt domaniale de la Roanne. Leur exploration est l'oeuvre du Groupe Ursus Spelaeus de St Benoît en Diois dans les années 70/80 mais elles sont dorénavant interdites à la fréquentation.

     Nous retrouvons à la gare de Saillans nos collègues de la LPO qui nous accompagnent en surface et nous ouvrent la barrière ONF de la piste menant au lieu dit des Bachasses nous évitant ainsi 3 km de crapahut. De là une bonne heure de marche d'approche sera nécessaire pour atteindre la grotte de St Régis qui s'ouvre sur le flanc d'un petit canyon raide, affluent temporaire du ruisseau de la Courance. C'est Patrice mon équipier d'aujourd'hui qui prendra en charge les mesures Disto.


    La cavité ne présente aucune difficulté et nous avançons gentiment dans une galerie concrétionnée jusqu'à un boyau  menant à une petite salle décorée.



    Un nouveau passage étroit et nous nous retrouvons dans une dernière salle au sol terreux.





     Au plafond pendent d'étranges boules noirâtres dont nous ignorons le processus de formation. 





     Changement de physionomie pour la suite où nous nous enduisons de glaise dans une série de passages étroits pour finir nos relevés. 



     Nous ressortons seulement vers 15 h pour ingurgiter notre casse-croûte de midi trop rapidement ce qui me sera fatal durant la remontée raide et rapide sous le cagnard. La grotte développe 155 m pour 13 m en dénivelée.


Mardi 9 octobre

Grotte inférieure des Sadoux - Grotte de la Cheminée ( Drôme )

     Je retrouve le lendemain mon compagnon pour deux nouvelles petites grottes. Aujourd'hui nous sommes seuls et comme les cavités sont un peu moins éloignées, nous en profitons pour aller pointer deux autres trous qui feront partie de la suite de la mission de novembre et décembre.

     Nous commençons notre boulot par Sadoux inférieure. Auparavant, Patrice a équipé d'une corde la courte vire aérienne car la pente est raide et il y du gaz dessous. 

     Là encore nous sommes dans une grotte fossile mais de belles dimensions et relativement concrétionnée.

      La grosse galerie d'entrée se termine par la Salle de l'Oasis aux multiples coulées blanches. 



     Nous ressortons manger tranquillement au soleil avant de retourner au fond où Patrice entreprend une escalade aux Pulses pour équiper la remontée de 5 m donnant accès à la Galerie effondrée. 


      Nous remontons des éboulis de graviers pour aboutir à la partie terminale qui s'achève sur un boyau colmaté objet d'une désobstruction sans succès des Ursus.



     Nous terminons nos mesures dans un petit départ latéral dans la Salle de l'Oasis qui nous mènera après un boyau remontant au pied d'une haute cheminée calcitée de 14 m dont le sommet à + 8 constitue le point haut de la cavité. Avant de ressortir, non loin de l'entrée, je fais la courte échelle à Patrice pour l'aider à atteindre une lucarne sans suite 8 mètres plus haut.


       Après 164 mètres de relevés, nous plions bagages pour remonter à flanc de coteau jusqu'à la petite entrée de la grotte de la Cheminée, une cavité de moindre ampleur découverte et explorée en 1969 par les Ursus.


     On y rentre par un boyau incliné conduisant rapidement au pied d'une première cheminée.


      Un ramping dans un nouveau conduit désobstrué nous amène à la base d'une seconde cheminée concrétionnée. Un passage bas et nous arrivons dans la Salle Régine, un coude sur la droite et c'est la chatière " Tête en bas " , passage obligé pour accéder à la salle terminale. 

     Cette Salle des Concrétions, légèrement déclive mesure 12 X 10 mètres et est ornée de belles coulées blanches et de multiples stalagmites. 


    Nous clôturerons cette journée en topographiant un départ boueux qui jonctionne avec le haut de la Salle ce qui donnera au trou un développement total de 67 m. 


  

      Bilan positif pour ces deux jours car nous avons réussi à boucler cette première séance dans les délais prévisionnels. Place maintenant à la mise au propre et au dessin.

                                                                                                           Pat