vendredi 29 décembre 2023

 Lundi 18 décembre


Grotte supérieure des Sadoux ( Pradelle / Drôme )

Patrice FIALON ( C.D.S. 26 ), Paco CLARY ( G.E.C.K.O.S. ), Baptistin MONOT ( Taupes Grotteuses du Vercors ).

Stéphane VINCENT, Morgane et Alain ( L.P.O. )

Pat GENUITE ( S. C. Aubenas )

    Dernière ligne droite pour clôturer notre boulot topo dans cette réserve Drômoise.

     La cinquième et dernière cavité est la Grotte sup des Sadoux où transite et se reproduit une importante colonie de chauve-souris absente à cette période de l'année.

     Je retrouve avec plaisir en ce frais lundi, Patrice et Paco avec qui j'avais topographié Baume Sourde l'an passé. Est venu se joindre à nous, Baptistin, une nouvelle recrue de 20 ans qui profite de l'occasion pour découvrir la grotte.

     Après nos maintenant traditionnelles retrouvailles avec la L.P.O. à la gare de Saillans, nous partons en convoi vers la réserve. Nous empruntons cette fois ci une nouvelle piste plus longue car celle des autres fois est englacée à un endroit par une petite source qui la transforme en patinoire.

     Nous arrivons à 7 dans le porche d'entrée de la grotte et je démarre illico les relevés avec Paco pendant que le reste de la troupe, après avoir ouvert le cadenas de la grille, file vers le fond, Patrice s'occupant du ré-équipement.


     A l'instar du Trou du Rat, tout proche, la cavité se présente sous la forme d'une longue galerie déclive suivant le pendage.


     Le sol est entièrement calcité et les parois décorées de nombreuses coulées. 

    A 80 m de l'entrée le plafond s'abaisse et l'on traverse une vasque obligeant à un passage en équilibre sur le côté si on ne veut pas remplir ses bottes. 


    On trouve par la suite un P8 incliné et glissant qu'il est préférable d'équiper. On peut aussi passer par une petite lucarne sur le coté dénommée " Passage de l'Etrangleur ".



Au bas du P10 le squelette d'un renardeau téméraire.

     Un nouveau passage bas nous amène au sommet de deux verticales de 2 et 10 mètres le long d'une coulée. Au fur et à mesure de notre progression, les traces de guano sont de plus en plus présentes. 

    A la base du P10 nous sommes à la cote - 76 et nous prenons pied dans une vaste salle au sol plat. C'est la Salle du Mondmilch dont le plancher est émaillé de nombreux tas de guano.

     En levant la tête, on aperçoit le sommet de cheminées d'une trentaine de mètres de haut. L'extrémité de la salle se termine par un cloaque, mélange d'argile détrempé et de guano suivi d'une petite escalade de 3 m ( l'Epurateur ).

Le cloaque au bout de la salle du Mondmilch. On peut observer les traces noirâtres sur la paroi dues aux déjections des chauve-souris.

    De là, on a accès aux salles terminales richement concrétionnées. C'est aussi la base de l'escalade des GECKOS de 21 m qui s'arrête au milieu d'une vaste cheminée d'une quarantaine de mètres et qui serait à poursuivre.

Le départ de l'escalade de 21 m.

    De retour en bas, on peut visiter la suite des salles ornées en zigzaguant entre les parois enduites de guano et les coulées stalagmitiques.


    Dans la dernière petite salle, on peut observer un graffiti de 1840 partiellement recouvert aujourd'hui par une coulée de calcite.

    Un dernier ramping et c'est le boyau terminal qui bute sur une étroiture impénétrable derrière laquelle on aperçoit un élargissement.

   Nous sommes à - 84 m et à environ 300 m de l'entrée. Demi tour et fin des hostilités pour aujourd'hui après 5 heures de topo.


Mardi 19 décembre

Patrice, Sylvain ( SPLOG ), Pat.


     Retour rapide au fond de la cavité où je profite du ré-équipement de l'escalade des GECKOS effectué la veille par Patrice pour finaliser la topo et faire quelques photos.

Coup de spot au sommet de l'escalade vers le haut de la cheminée : encore 20 mètres à grimper...

     L'affaire est vite pliée et nous pouvons ressortir nous restaurer dehors en bénéficiant d'un soleil radieux. 


Quelques stations topo remarquables ont été matérialisées.

     Comme il nous reste un peu de temps, je convainc mes coéquipiers d'aller faire un tour dans le Trou du Rat pour essayer de désobstruer le départ entrevu le mois dernier avec Judi et Noé qui donne accès à la Galerie du 11 novembre. Il nous faudra moins d'un quart d'heure pour ouvrir le passage en évacuant les cailloutis qui l'avaient refermé.

    C'est étroit mais ça passe et la suite est un boyau étroit qui aboutit à une salle basse inclinée bien décorée. 



Au milieu de la salle une curieuse concrétion : vraisemblablement un entremêlât de racines encrouté par la calcite.

     Le point terminal de ce réseau parallèle est un boyau terreux colmaté par les sédiments. Nous furetons dans tous les coins et j'en profite pour réaliser le croquis du secteur. Sur le chemin de la sortie, nous cherchons la cheminée par laquelle débouchait l'entrée supérieure originelle aujourd'hui rebouchée. En levant la tête, nous ne tardons pas à repérer ce puits par lequel sont arrivés les découvreurs du groupe URSUS dans les années 70.

     Avec cette septième journée, s'achève notre mission topo sur le terrain dans la réserve des Sadoux. 

    Nous avons re-topographié intégralement cinq cavités pour un développement cumulé de plus de 1800 m.

- Grotte de St Régis

- Grotte Inférieure des Sadoux

- Grotte de la Cheminée

- Trou du Rat

- Grotte Supérieure des Sadoux

     Ces cavités relativement proches les unes des autres pour les quatre dernières sont situées sur le bassin d'alimentation de la résurgence de la Courance mais aucune ne recoupe d'actif pérenne.


Aperçu du travail des équipes : un petit morceau de la grande galerie terminale du Rat.


                                                                               Pat



samedi 18 novembre 2023

Lundi 6, mardi 7, mercredi 8 novembre.


Trou du Rat ( Pradelle / Drôme )


Noé Vergez ( G.A.S.O.I.L. ), Judi, Pat. 


Lundi 6 novembre

     Nous sommes de nouveau à Saillans pour retrouver Stéphane Vincent de la L.P.O. pour notre second opus topographique dans la réserve régionale. Je suis accompagné de Noé qui aura la charge du repérage et de l'équipement et de Judi qui sera aux manettes pour les prises de mesures.

     Nous avons prévu 4 journées car la cavité développe plus d'un kilomètre et est annoncée pour - 193 m. De plus, François Landry des GECKOS, auteur d'un précédent relevé, m'a glissé à l'oreille que le trou est bien décoré de nombreuses concrétions mais qu'il est aussi particulièrement boueux.

    Nous sommes avertis...

Pas de soucis pour trouver l'entrée, pourtant toute petite et bien planquée, car nous l'avons repérée la dernière fois ( voir CR du 8 octobre ). 

     Le début de la grotte est aisée, il n'y a aucune difficulté de cheminement car pas moins de 3 anciens câbles téléphoniques serpentent tout le long du parcours.


Tout près de l'entrée, une stalagmite partiellement enrobée d'un conglomérat de cailloux soudés. Vestiges d'un ancien remplissage décapé ?

     Nous descendons régulièrement dans une galerie inclinée où l'on zigzague à travers de nombreuses coulées et stalagmites malheureusement maculées d'une pellicule argileuse.

 Au fur et à mesure de notre avancée, les zones boueuses sont de plus en plus fréquentes. 


     Noé, parti en éclaireur, a repéré le départ du premier gros puits que l'on croise vers - 75 m à 300 m de l'entrée.

    Nous le rejoignons  après qu'il en ait amélioré l'équipement et cassons la croûte avant de descendre ce beau P33 décoré de grosses coulées colorées.

La vire d'accès au P33.


 Le fond à - 107 m est totalement colmaté.

Le fond sans suite du P33. 


Les belles coulées du bas du P33.


 Après 44 visées, c'est déjà l'heure de faire demi tour mais d'après l'ancienne topo, nous avons à peine fait le tiers du trou : demain il va falloir mettre le turbo...


 Mardi 7 novembre


    Je retrouve, à la gare, mes compagnons, qui ont couché sur place, pour une deuxième journée. Nous sommes rapidement à pied d'oeuvre pour reprendre nos visées. La suite de la cavité se révèle plus complexe avec pas mal de départs latéraux et toujours ce cocktail de concrétions, gours, coulées et passages glaiseux.


     Un P5, une remontée de 5m, heureusement équipée, et un toboggan de 6 m nous obligent à nous ré-équiper avec notre matériel qui s'est, petit à petit, bien englué. 



Sur le côté du toboggan de 6 m, une curieuse formation en relief dans la coulée : une corde ou un câble pris dans la calcite ?

     Nous arrivons enfin vers - 130 m, à 500 m de l'entrée au départ du "Méandre boueux" qui porte bien son nom mais n'est court que d'une cinquantaine de mètres. 

   Ensuite c'est la " Galerie des Bassines " et ses multiples gours profonds où les bottes sont appréciées. 

La vasque de - 106 ( que nous n'avons pas franchi ) et qui jonctionne plus bas avec la galerie principale.

      Il était d'ailleurs moins une que je sombre dans l'un d'entre eux qui nécessitait une escalade délicate que j'ai mal négocié... Heureusement, la poigne salvatrice de Noé m'a évité in-extremis un grand plouf... 

     La " Galerie des Bassines " s'achève sur un coude débouchant en balcon sur le côté d'une grosse galerie de 20X20 m. On y descend par un toboggan de 7 m le long d'une coulée.

En bas de la coulée l'arrivée dans la grosse galerie.

     A sa base, nous sommes à - 155 m et à 600 m de l'entrée. Tout le sol est recouvert d'une épaisseur de boue liquide de 15 cm : un mange-bottes idéal !

     La fin du gros touret des câbles des Ursus gît au beau milieu de la galerie. 

    Nous stoppons là notre travail pour aujourd'hui. Profitant, un peu plus haut, de la présence d'un gour actif, nous essayons de nettoyer au mieux notre matériel de remontée tout englaisé. 

Mercredi 8 novembre.

      L'équipe, maintenant bien rodée, est rapidement sur site où nous sommes accueillis par un soleil radieux qui facilitera le ré-enfilage de l'équipement nauséabond et humide laissé sur place depuis deux jours. Au loin, nous apercevons le sommet enneigé du grand Veymont qui pointe son nez derrière les falaises environnantes. Bon, trêve de contemplation, il nous faut boucler cette topo et si possible aujourd'hui !

    Nous filons vers la Grosse Galerie où nous retrouvons notre dernière station topo de la veille et la bouillasse.

     Nous nous dirigeons vers l'aval de la galerie qui se termine à -173 m sur une petite vasque au bout d'un tunnel dont le sol est un long lac de boue qui ferait le bonheur d'une harde de sangliers.

Le Tunnel et son cloaque.

La suite siphonnante et pas très engageante au point bas aval de la grande galerie à - 173 m.

     Pendant ce temps, Noé est parti installer quelques longueurs de cordes pour remonter aisément les coulées vers l'amont de la galerie. 

Une vasque dans la remontée amont de la grosse galerie.

     Il a ensuite sécurisé l'accès au départ du puits terminal équipé en fixe depuis 2013. Au sommet des remontées, nous arrivons à un col qui surplombe au nord un P8 tout rond et colmaté. 

Le fond du P8.

     Vers le sud, on emprunte une vire aérienne et glissante jusqu' à la lèvre du puits terminal de 45 m. En fait la première partie est un long toboggan boueux le long d'une coulée. Vingt mètres plus bas, les parois se resserrent et un jet vertical de 25 m fractionné nous amène au bas du puits. Au fond, un petit méandre descendant se termine sur un pertuis centimétrique où seule l'eau peut s'infiltrer. C'est le point bas du trou à - 182 m et notre dernière station topo. 

On ira pas plus bas aujourd'hui.

    Nous remontons alors en déséquipant et en regroupant les vieilles cordes en vue d'une future "dépollution". Il y aura besoin de main d'oeuvre car on trouve tout au long de la grotte le reliquat du matériel laissé par les explorateurs dans les années 70.

    Il nous aura fallu 3 jours où nous n'avons pas chômé pour venir à bout de ce trou du Rat.

    Nous avons réalisé 135 visées en essayant d'être exhaustifs. Le développement mesuré s'établit à 1083 m pour une dénivelée de 191 m ( - 182 m, + 9 m ). Néanmoins, nous n'avons pas pu topographier un réseau latéral proche de l'entrée car un éboulis de pierrailles en a partiellement bouché l'accès. D'après l'ancienne topo des Ursus ce réseau développerait environ 70 mètres.

     Nous rappelons pour mémoire que l'accès à cette cavité, comme ses voisines situées dans la réserve naturelle régionale de la grotte des Sadoux, est réglementé et soumis à autorisation.     

                                                                                                          Pat