vendredi 24 juin 2022

 Mardi 21 juin


Baume Sourde - Baume Claire ( Francillon - sur - Roubion )


Patrice FIALON et Paco CLARY ( C.D.S. 26 ), Pat GENUITE ( S.C.A. )


     Troisième et dernière journée pour boucler notre topographie de cette cavité plus ardue que prévue. Je rejoins Paco devant la ferme de la propriétaire qui nous accueille avec courtoisie et montre un intérêt certain devant les dessins millimétrés que j'ai apportés. 

     Le programme est chargé et à 10 h 30 nous sommes au départ du P17 pour attaquer les festivités.

Sommet du P17.

     Comme prévu c'est " bouillak " à souhait avec pas mal de lucarnes et conduits qui se recoupent. 

La topo : les doigts dans le nez !  ( mais en tirant un peu la langue... ) Photo : Patrice Fialon

     Nous rejoignons enfin le grand méandre inférieur dont les dimensions plus généreuses nous facilitent la tâche.

     Nous partons vers l'amont qui, après quelques boyaux étroits, queute sur des cheminées fermées par des trémies.

     Après trois heures de topo, affamés et refroidis, nous revenons à la base du R4 d'accès au grand méandre et retrouvons avec plaisir notre bidon de bouffe dont nous avalons le contenu avec appétit. 

    Repus, nous nous dirigeons vers l'aval en laissant un mot à Patrice qui doit nous rejoindre dans l'après-midi. 


Le grand méandre aval.

     Une heure plus tard, le plafond du méandre s'abaisse et nous effectuons nos dernières visées dans un laminoir boueux dont l'extrémité, totalement colmatée, constitue le terminus de ce réseau.


     Des raclements sonores nous annoncent l'arrivée imminente de Patrice qui vient nous prêter main forte en se chargeant des deux kits et du déséquipement après avoir été démonter le câble du P12 au bas de la grosse galerie.

     Nous retrouvons, en remontant, les différents départs que petit à petit nous bouclons avec le cheminement principal. 

Paco au carnet Disto , patient et appliqué : un plaisir !


     Il nous reste un dernier bouclage qui aboutit dans l'aval de la grosse galerie. Nous ne savons pas trop dans quel coin il jonctionne mais comme il n'y a qu'un seul endroit où nous avons laissé un départ, nous nous y engageons.

    C'est une étroiture dans une trémie de gros blocs que Paco franchit en un clin d'oeil. Peu motivé, je suis obligé de le suivre car parti en reconnaissance je l'entends crier qu'il a rapidement pu rejoindre la grosse galerie et qu'en quatre visées ce sera plié... Ne m'étant pas débarrassé de tout mon barda plaqué sur le ventre ( appareil photo, disto, carnet etc ) je galère pour m'extirper de cette chatière mais néanmoins le moral remonte car nous pensions en avoir encore pour plus d'une heure pour finir ce passage et la lassitude commençait à se faire sentir.

   Arrivés près de l'entrée, nous décidons, après un court conciliabule, de donner un dernier coup de collier malgré l'heure tardive pour tout finir et ne pas revenir une quatrième fois. Patrice s'occupe alors de fixer au perfo les chevilles de marquage de quelques stations topos pendant que nous ressortons et montons à Baume Claire pour nous occuper du porche.

Mon jeune équipier a bien mérité son tour de balançoire...

     Nous commençons par le petit muret qui scelle la jonction avec le sommet de la grosse galerie de Baume Sourde. 


Adjacente au grand porche, l'entrée de la petite Baume anciennement jonctionnée .

Le muret bétonné qui bouche dorénavant la jonction.

     Au même moment nous entendons Patrice de l'autre côté du mur en train de jouer du perfo. L'entrée de la Baume est vaste et nous sommes surpris de trouver au fond un petit boyau parcouru par un violent courant d'air. 



     Il donne sur une petite salle ébouleuse où une échelle permet de grimper à la base d'une trémie peu engageante en plafond d'où sort tout le zef.

L'antédiluvienne échelle métallique sous la trémie qui ne demande qu'à s'écrouler...

     Nous terminons la journée en effectuant un cheminement de l'entrée naturelle jusqu'au ruisseau aérien pour pointer avec précisions les altitudes respectives.

    Avant de reprendre la route vers nos différents logis, nous nous accordons une baignade rafraîchissante dans les petits biefs du Roubion dont le niveau a bien baissé ces derniers jours.

     Au final, l'ensemble des deux grottes développe 893 m pour une dénivelée de 100 m ( - 56 m + 44 m ). Il est à noter que l'extrême amont de la galerie inférieure qui donne accès à la rivière est situé sous le Roubion juste à une quinzaine de mètres en dessous.

                                                                              Pat

jeudi 16 juin 2022

 Samedi 11 juin


Perte de l'Interrogation ( Sanilhac )


Lionel PUYDEBOIS, Pierre et David LHYVERNET ( C.S. Joyeuse )

Benoît DESNOS, Jean-Philippe MIGNOT ( P1K ), Jérôme JOURET, Anne-Marie et Pat GENUITE. ( S. C. A. )

     Encore une belle équipe aujourd'hui pour aller se mettre au frais dans notre perte. 

Le P1K est de retour : ça va charcler ! Photo : P1K

     Il y a de quoi faire et les binômes se constituent rapidement. Dans un premier temps, David et son fiston partent pour une petite visite de la grotte de Rochepierre toute proche, que Pierre ne connait pas.

     Anne-Marie et Lionel, vu leur gabarit de haricot extra fin sont désignés d'office pour essayer de forcer la suite du " Boyau Charmant " ( voir CR du 21 juin ). Ils ont enfilé leur néoprène et emportent une massette au cas où...

    Jérôme et le P1K doivent vérifier quelques points d'interrogation et regarder de près les différents terminus pour déterminer s'il faut commencer un chantier de désobstruction.

Photo : P1K

    L'équipe Benoît-Pat poursuit la topo de "la galerie Bleue " la plus à l'Est. 

On en voit de toutes les couleurs : des plafonds roses avant l'accès à la Galerie Bleue ! Photo : P1K



L'éboulis marneux donnant accès à la "Galerie Bleue".


Les topographes à l'oeuvre. Photo : P1K

     Lors de la prise de mesures dans la trémie aux racines, Benoît découvre un petit escargot vivant nous laissant espérer que la surface n'est peut être pas très loin. 

Le méandre d'accès à la "Trémie de l'Escargot"

                                                             

Devant Benoît le départ de la trémie.

     Néanmoins la taille des gros blocs de grès coincés dans le méandre sous jacent promet un chantier musclé...

Les galets de grès ont totalement obstrué la partie inférieure du méandre, espérons qu'ils soient moins gros au dessus...

     Vers midi nous nous regroupons tous dans une petite salle marneuse pour casser la croûte. Son sommet est colmaté par un éboulis marneux humide qui fait l'objet d'un début de désob.



    Equipés seulement d'un pied de biche nous ne sommes guère efficaces : il faudra revenir avec pelle, piochon et gamates.

Le sommet de la salle marneuse, la suite est derrière, yaka creuser... 

     Anne-Marie et Lionel nous reviennent bien boueux de leur boyau où ils ont pu, avec difficulté, avancer de cinq mètres supplémentaires butant sur une suite qui se rétrécit encore. Curieusement ils n'ont entendu aucun bruit d'actif comme il y a trois semaines : la canicule a fait son effet...

    Je reprends la suite des relevés avec Jérôme vers une salle supérieure dont le haut est, là aussi, barré par une trémie.

La trémie suspendue au dessus de laquelle il faut passer pour accéder à la salle supérieure.

    Elle est peut être désobable mais le chantier s'annonce d'envergure.


Le sommet de la salle supérieure.

    Sur ces entrefaites, nous retrouvons David qui est allé, après sa visite dans Rochepierre, prendre un bain rafraîchissant en re-topographiant, en solo, le morceau litigieux de la topo.

     Nous partons ensuite topoter le départ d'une galerie dont l'extrémité bouchée par une nouvelle trémie pourrait jonctionner avec celle de l'autre côté du boyau aquatique. Lionel s'y escrime un moment mais la suite n'a rien d'engageant ( la topo nous indique un hiatus de 12 m ce qui n'est pas très encourageant... ).

Si l'on veut shunter le boyau aquatique c'est par là qu'il faudrait passer...

    Nous terminons la journée en allant jeter un coup d'oeil au boyau terreux légèrement ventilé découvert par Anne-marie et Lionel. Il se développe au dessus du "Boyau Charmant"  et la fin ressemble étrangement à l'extrême amont de l'affluent du "Grand canyon" dans la Perte n°2 de Rochepierre; mais, là encore, il y a du boulot pour évacuer toute la terre qui l'obstrue.

La fin du boyau terreux, hauteur : 10 cm...

    Nous n'avons pas encore trouvé le passage clé susceptible de jonctionner avec la Perte n°2 mais nous n'avons pas encore dit notre dernier mot...


Photo : P1K

    Pour l'instant, nous avons topographié 575 mètres de galeries et commençons à y voir un peu plus clair dans ce fichu labyrinthe.

     Une topo de surface entre l'entrée des deux pertes permettra de caler précisément les terminus et de savoir où il serait judicieux d'attaquer.

                                                                                                                                                  Pat




mardi 14 juin 2022

Jeudi 9 et vendredi 10 juin 


Baume Sourde ( Francillon-sur-Roubion ) Drôme


Stéphane VINCENT ( L. P. O. ) et son fils Merlin, Pierre-Guy JOANDEL ( L. P. O. ), Patrice FIALON et Paco CLARY ( C. D. S. 26 ), Pat GENUITE ( S. C.  Aubenas ).


     Le S. C. A. a répondu à un appel d'offre pour la re-topographie intégrale de deux cavités classées en Drôme Ardèche. La première , Baume Sourde - Baume Claire, s'ouvre au bord du ruisseau du Roubion et abrite la plus importante colonie de chauve souris de la région Rhône Alpes ( 13000 individus ). 

L'entrée du tunnel artificiel.
     Son accès est strictement réglementé et nous bénéficions d'une autorisation exceptionnelle pour exécuter nos relevés. 


     Seul un court créneau sur juin est possible car durant cette période ces charmantes bestioles sont absentes ayant émigré dans une autre cavité pour se reproduire.

     Après avoir fait connaissance avec nos commanditaires et pris note de leurs exigences nous effectuons une visite guidée rapide de la grosse galerie amont et aval en repérant les différents départs.

Le tunnel d'entrée est barré par un long bassin dissuasif qu'il faut franchir en oppo.

     Assisté par Paco au Disto, j'attaque les relevés en démarrant de l'ancien tunnel artificiel creusé pour l'exploitation du guano. Pendant ce temps, Patrice part nous équiper le P12 pour la session de l'après-midi.  

     La topo de la grande galerie ascendante ne pose pas de problème, c'est glissant par endroits mais spacieux.

Dans la grosse galerie amont. Notez le pendage important. Au plafond les traces noires laissées par les chauve souris. Au fond en bas le panneau d'avertissement.
Quelques bouts de bois abandonnés font le délice de cette belle sauterelle cavernicole (  Dolichopoda )


     L'extrémité amont, dorénavant fermée par un muret bétonné jonctionnait avec le vaste porche de Baume Claire. C'est maintenant totalement rebouché pour supprimer le néfaste courant-d'air qui s'était alors mis en place après la désobstruction.

     Après être ressortis et nous être sustentés au bord d'une prairie en contrebas, nous reprenons nos mesures en rentrant par l'entrée naturelle dite " du Muret " dont la vaste salle d'entrée a servi autrefois de parc à bestiaux.


L'entrée naturelle de Baume Sourde.

     La suite est défendue par un toboggan raide nécessitant une corde. 

Le départ du toboggan.

   En bas, on rejoint l'aval de la grosse galerie et le départ du P12 donnant accès au réseau inférieur.

Sommet du P12.
     Une fois le puits descendu, nous topographions l'amont de la galerie inférieure. La taille des conduits s'est un peu rétrécie et la boue a fait son apparition...


     L'extrémité se termine sur deux branches remontantes fermées par des trémies qui seront notre terminus topo pour aujourd'hui.


     Retour le lendemain avec seulement Paco. Nous revenons à la base du P12 et partons ce coup ci vers l'aval de la galerie inférieure.

 

     Cette partie est assez boueuse et entrecoupées de courts boyaux qui nous mènent après un dernier ressaut à la rivière.

L'arrivée dans la rivière.
     Cette dernière provient d'un boyau rapidement impénétrable puis serpente dans une salle en contournant une très grosse strate détachée du plafond très incliné ( le pendage est ici de 45°  ).





     Nous atteignons rapidement le siphon aval minuscule et peu engageant.


    
     Les mises en charges sont visibles à plus de trois mètres de haut et ont transformé le lieu en un vaste cloaque glaiseux.



      Là encore nous observons au plafond de nombreuses taches noires laissés par les essaims de chauve souris. Nous sommes à - 62 m par rapport au tunnel et à plus de 300 m de l'entrée...


     Nous constatons en nous nettoyant les mains que la température de l'eau est étonnamment chaude, laissant penser qu'elle provient vraisemblablement d'une perte du ruisseau aérien du Roubion. Le débit d'étiage estimé ce jour à 1,5 l/s semble bien élevé eu égard à la faible superficie ( 2 km2 ) du bassin versant du Grand Quinson.

     Nous poursuivons les relevés en grimpant dans un petit réseau étroit au dessus de l'amont de la rivière où l'on peut observer les traces d'une tentative de désobstruction passée. Juste avant le terminus, un micro soutirage rempli d'eau pourrait être un accès à l'amont de la rivière mais le chantier semble difficile...



 La rivière amont est juste dessous ce soutirage mais l'accès est centimétrique...

     Nous remontons, déséquipons le P12 et sortons manger au bord du Roubion près d'un barrage de castors. Nous reprenons des forces car Patrice nous a annoncé que le réseau de la salle Spirale et ses nombreux conduits anastomosés et boueux serait un morceau de choix.

     Effectivement, nous n'avançons pas bien vite en fouinant dans tous les recoins en essayant de ne rien louper. Trois heures plus tard, nous atteignons enfin le sommet du P17 incliné équipé la veille par Patrice. Mais le fond de ce réseau est encore loin et de toute évidence nous ne terminerons pas aujourd'hui.



En 1854, Joseph Tariot est venu englaiser ses brodequins ici...


Notre dernière station topo pour aujourd'hui.


     Il nous faudra donc une troisième journée pour mener à bien notre mission. Hormis la suite de ce réseau glaiseux, il nous reste encore la topo de Baume Claire, un long diverticule repéré dans la grosse galerie et la mise en place de chevilles pour certains points topo remarquables : on ne va pas s'ennuyer...

     Pour l'instant nous avons déjà topographié 631 m de galeries pour un dénivelé de 86 m.

   

L'ancienne topo du Montélimar Archéo Spéléo Club datant de 1974, complète et précise : du beau travail !

                                                                               Pat