Historique

16 juin 2023


In mémoriam...



Michel (au centre) au Bournot lors de l'ouverture intempestive d'une cavité souterraine.


Michel au Pic d'Usclat n°7 en 2000.




Michel Costa est décédé hier à l'âge de 63 ans ; membre du club plusieurs années (90/2000), il avait participé à de nombreuses explorations du club (Isa, Dévoluy, Fontcombe, Keraval...).

Le club présente ses plus sincères condoléances à ses proches et à sa famille. 

Samedi 4 juin 2022 

La fête des 50 ans du SCA

     Le 4 juin au matin, comme les jours précédents, il faisait beau : un grand soleil éclairait le pays. La météo jouait bien les cassandres en annonçant des orages, mais  pour l’heure, nul nuage ne se pointait sur le fond de grand bleu .

Juste avant la fête...

    Tout le SCA s’est alors retrouvé à Louyre et s'est mis en ordre de bataille : à chacun sa tâche et il fallait voir la fourmilière autour du chapiteau. Après avoir savamment embroché les 2 cochons, Lionel RIVAT a débuté leur cuisson non sans avoir aspergé d’eau les alentours de sa rutilante rôtissoire, histoire d’éviter un départ d’incendie. 


     Certains ont disposé les tables et les chaises sous le chapiteau pour le repas de gala pendant que d’autres finalisaient le bar. Là, problème : nous ne parvenons pas à faire fonctionner la deuxième tireuse à bière ! 

     Les 50 ans sans bière ? Impossible ! Pierre LHYVERNET, qui avait acheminé la bière, le matin, depuis Rochepierre, est revenu à Louyre et nous a tirés de cette difficile situation.

   Mais voilà qu’on s’aperçoit que l’une des grandes lumières du chapiteau est en panne; Bien sûr, elle se situe tout au sommet et nous ne disposons pas d’un escabeau suffisamment haut pour y accéder. Qu’à cela ne tienne, une grande échelle fera l’affaire. Avec l’aide de toutes les bonnes volontés (et des gros muscles ) disponibles, Christophe LONGIN, le maître du chapiteau monte, barreau après barreau, effectuer la réparation. 

Les forces vives du SCA en pleine action.

    C’est sûr, parfois, l’échelle donne de la gîte et l’équipe des « pousseurs » doit ajuster les positions de chacun mais Christophe, en vrai « pro », s’en sort comme un chef.

On y est presque...

     Sur les coups de midi, quelques étourdis arrivent pour le repas… prévu le soir mais c’est en souriant de leur bévue qu’ils repartent pour revenir plus tard dans l’après-midi. Dès 14h30, les premiers participants sont là. Certains s’en vont prendre un bain dans le ruisseau, d’autres baladent, tandis que d’autres encore retrouvent les vieux copains et commentent quelques unes des vieilles photos exposées. Enfin, certains membres du SCA ne trouvant plus rien à faire, tentent la désobstruction du fameux trou indiqué par Pierrot DEBANNE. Ils s’équipent au chapiteau et armés de pioches, de burins et de pelles ( quelques mauvaises langues diront " comme les nains de Blanche-Neige" ), ils partent à l’assaut du futur passage vers le mythique collecteur du coin.

Ahi, aho ils s'en vont au boulot...

    Contre toute attente, après désobstruction, ils arrivent à passer et se retrouvent dans une petite salle, certes non ventilée.

C'est passé !

    La suite est laissée aux générations futures mais, indiscutablement, il y eu un bout de première pour les 50 ans du club !

     Progressivement, au cours de l’après-midi, les tables prévues pour recevoir les entrées concoctées par les actuels membres du SCA se remplissent et finissent par ressembler à celles du village d’Astérix un soir de banquet.



      Que dire de l’ambiance ? Elle était pleine de joie et d’émotions. Revoir les copains parfois perdus de vue depuis plusieurs décennies, était un réel bonheur pour tous. Les vieilles explos, les bons moments comme les coups durs, les vieux souvenirs, tout y est passé .


      A un moment, des effluves bien particulières tétanisèrent la mémoire de la plupart des participants : du carbure ! Les acétos ! Un temps révolu mais dont les odeurs imprègnent encore nos souvenirs. Je ne sais qui avait eu cette idée géniale d’apporter du carbure mais ce fut la madeleine de Proust de nombreux spéléos présents…

     Vers 19 Heures, la manifestation a été officiellement ouverte par un grand apéro et bien sûr, les discours. Hubert ODDES, le premier président du club a évoqué sa fondation. Il avait, pour l’occasion, retrouvé et revêtu son premier casque; oui, celui qu’il portait déjà à 16 ans, lors de sa toute première visite sous terre.


    Jérôme JOURET, notre actuel président, qui ne voulait pas faire de discours, a quand même joué, avec brio, les Monsieur Loyal.


     Marc ZANONI est intervenu pour rappeler les liens du club avec le CDS et Anne-Marie GENUITE, dans un discours fleuve que personne ou presque n’entendait, a tenté de répondre à la question : « Mais pourquoi faisons-nous de la spéléo ? »

    Bien installé devant votre ordinateur ,loin de la cohue de ce jour-là, suite aux demandes ,  si le cœur vous en dit et si la question vous intéresse, le voici :


Pourquoi faisons-nous de la spéléo ?

     A première vue, il n’est effectivement pas très rationnel de rentrer sous terre, de se contorsionner dans des étroitures sévères ou des boyaux infâmes, de ramper dans l’eau ( froide ) et de ressortir minables, avec de la boue dans le nez et dans les oreilles, complètement épuisés, quand dehors, le soleil brille et que sa caresse est si douce .

     Et la désob ? Est-ce toujours bien rationnel ? On ne sait jamais combien vont durer les travaux (d’Hercule ) : des mois, des années parfois…  Les sorties désob n’ont rien de glorieux ou d’héroïque : on gratte, on pousse les gamates, on tire des tonnes de gravats; tout ça pour progresser souvent de quelques décimètres. Comme le dit Marc Bellanger dans son livre L’Attrait des Gouffres : «"la qualité principale est ici le flair et beaucoup d’abnégation ".  Parce que bien sûr, vous le savez bien, le résultat n’étant jamais garanti, on flirte quand même un peu avec l’irrationnel.

     Mais faire de la spéléo, c’est aussi satisfaire son goût pour l’action, éprouver le plaisir de sentir son corps faire ce qu’on lui demande, même si des fois on l’amène vers ses limites. Qu’est-ce que cela apporte ? A l’interface entre le sport et la science, la spéléo permet d’aborder de nombreux domaines vers lesquels nous ne nous serions probablement jamais tournés : l’hydrologie, la géologie, la karstologie, la géomorphologie, la biospéléologie, l’archéologie… mais aussi la topographie, l’orientation, la connaissance de la nature, les activités de plein air… Ah le plaisir de dormir à la belle étoile !Et même celui apprendre à "faire péter" ! Qu’est-ce que cela apporte ? Cette activité nous a tous enrichis.

     Et peut-être aussi qu’elle nous a donné confiance en nous, appris à faire face, à prendre du recul face à notre quotidien, à nous sentir VIVANTS… Et puis, après une grosse sortie spéléo ,  on dort tous bien !

    Pour en revenir à la science, soyons honnêtes, même si comprendre la formation des trous, d’où vient l’eau, où elle va, nous intéressent beaucoup et guident notre pratique, nous ne sommes pas tous de vrais scientifiques. Pour mémoire, Edouard Alfred MARTEL, notre père spirituel à tous, faisait, en 1890, la différence entre le grottisme ( isme, tourisme ) et la grottologie. Que sommes-nous aujourd’hui ? Un peu grottistes, un peu grottologues aussi…

    En tout cas, au SCA , depuis les  débuts du club, et même depuis les  débuts en spéléo d’Hubert et de Roland, encore ados… pas loin d’ici, aux Estinettes, l’objectif a été l’exploration, la première. Ah la 1ère !  cette drogue addictive qui peut même rendre un peu fou...

     Cet IMPERIEUX BESOIN de savoir ce qu’il y a derrière, oui, derrière le petit trou noir, même quand il est tout petit…  Et quand ça souffle, ou quand ça résonne derrière, quand on entend la rivière, ou quand on se retrouve sur la margelle d’un puits et qu’on on se tait, tous, pour entendre le bruit de la pierre qu’on lance pour sonder… P10, 20, 30, 40……….. P150 ! ( Bon , le P 150 , c’est notre fantasme à Benoît et moi ).

     Mais parfois,  pour diverses raisons, on ne peut pas descendre le puits le jour même ; parfois, il faut élargir le passage étroit, faire péter, attendre que les gaz se dissipent… Bref, ATTENDRE.  Alors là, on y pense; on y pense tout le temps. On y pense le jour… et on en rêve la nuit.

     L’imagination s’enflamme, et on a hâte, on a hâte… Parfois, on est déçu, mais pas toujours…

     Le fil rouge du SCA, depuis 50 ans, c’est la première. Des Estinettes à la Combe Rajeau, en passant par l’Aven Valérie, la grotte du Câble, le Grand Pré, Saint Marcel, la Chartreuse, la Dent de Crolles, le Pic d’Usclat dans les Causses, le Lily-Rose dans le Dévoluy, le scialet d’Engins dans le Vercors, le Cambou de Liard et le Touya dans les Pyrénées, des Picos de Europa en Espagne jusqu’à la Papouasie Nouvelle-Guinée, tout comme lors de nos belles découvertes locales récentes, au Raid, aux Claux ou à Rochepierre, ce club a toujours eu pour objectif d’explorer, de découvrir ( notamment la suite du collecteur de ce coin-ci, véritable Graal du club, collecteur qu’on cherche toujours ).                                                                                                                        Est-ce la fascination de voir des paysages peu changés depuis des millénaires qui nous remplit d’émotion ? D’être les premiers humains à fouler certains lieux ?Qu’est-ce qui nous rend aussi passionnés?

     A dire vrai , personne ne sait vraiment. Il faut probablement relier cette passion à un caractère inhérent à l’espèce humaine : l’envie de découvrir , l’envie de savoir ce qu’il y a, plus loin, toujours plus loin… 

    Déjà, il y a 8000 ans, dans la grotte d'Aldène, dans l’Hérault , un groupe de 27 hommes, femmes et enfants du néolithique s’est aventuré à plus de 500 mètres dans la grotte. Et ils en sont ressortis à toute vitesse parce qu’il ne leur restait plus suffisamment d’éclairage. Il y a 8000 ans, ces gens faisaient déjà de la spéléo...  pour voir…  Et ils ont escaladé toutes les cheminées qu’ils ont trouvées sur leur passage: pour voir,  pour savoir… Comme nous.

     Enfin, il faut aussi parler de l’amitié. Vous le savez tous, souvent, sous terre, on doit faire confiance à l’autre; on compte sur ses qualités physiques, techniques, humaines, sur son sang-froid, sur son mental, à -1000 comme à -20…  et ça, ça crée des liens qui vont bien au-delà de notre activité spéléo.

     Plusieurs fondateurs du SCA ont acheté ensemble, il y a près de 50 ans, ce beau village de Louyre où ils nous accueillent si gentiment aujourd’hui. Dans ce village en ruines, abandonné depuis 40 ans, ils ont reconstruit, ils ont remis de la vie : ils y ont élevé leurs enfants et y habitent toujours, en toute amitié.        Aujourd’hui comme hier, quand un membre du SCA a besoin d’un coup de main pour faire du béton, déménager, monter à l’étage un poêle de 200 kilos, aider aux vendanges, couper des arbres… un petit mail et les copains du club sont là. Toujours, et ça fait chaud au cœur. On s’éclate sous terre mais on s’apprécie sur terre aussi.

     Pour fêter ces 50 ans, nous avons dévidé le fil d’Ariane de l’histoire du club et les liens étaient encore là : des pêcheurs doubles, des nœuds de tisserand bien solides, comme en témoigne votre présence à tous aujourd’hui.

    Bon, on ne sait toujours pas pourquoi on fait de la spéléo mais…

    Merci à tous d’être venus et LONGUE VIE AU SCA ! Que l’on fasse encore beaucoup de premières tous ensemble ! ( et si possible , qu’on tombe sur le collecteur du coin… ) 

                                                                                                          Anne-Marie


     La soirée s’est poursuivie avec le festin et il était vraiment digne du village d’Astérix. Après la cinquantaine d’entrées différentes(dont on n'a hélas pas de photos), préparées par les membres actuels du SCA ,chacun s’est régalé avec les cochons grillés mitonnés par Lionel, accompagnés d’un mélange de légumes cuits dans le jus des cochons. Les bêtes furent découpées par une équipe de choc composée de spéléos albenassiens mais pas seulement.



     Nous avions prévu large et les gourmands purent se resservir. 

Lionel au service.

     Le tout était arrosé à volonté de la délicieuse cuvée des 50 ans vendangée par le club et concoctée par Jérôme.

     Ensuite, ce furent les diapos, sur un écran cousu la veille en catastrophe par Pat et Anne Marie dans le plus grand drap de coton qu’ils possédaient. Pat s’était occupé de collecter d'anciennes photos auprès des membres du SCA et de réaliser deux diaporamas.


    Le premier montage qui relatait certains moments marquants de l’histoire du club fut commenté par les protagonistes de ces événements eux-mêmes ( Hubert ODDES, Michel ROUX ,Thierry MARCHAND et Judi ARNAUD ). Il fut suivi avec grand intérêt par les presque deux cent convives.  Ah les premiers véhicules du club… que de souvenirs !

     Un second montage de près de quatre cent photos tourna ensuite en boucle toute la soirée.

Puis ce fut le dessert : un «  Succès » très spécial confectionné par Didier MAZET. Il fallait voir Didou décorer son gâteau–grotte avec des cordes rouges et vertes comestibles filées devant nos yeux éblouis.

    Il avait aussi fabriqué une grande stalagmite de glace de plus d’un mètre de haut qui, grâce à un lumignon situé au-dessous de la concrétion, éclairait la table du gâteau. Il faisait nuit; on se serait presque cru sous terre !

    Chacun, sagement fit la queue pour déguster ce dessert décidément très spéléologique et certains même en redemandèrent …

     Enfin ce fut le bal : un trio de musiciens spéléos du Vercors emmené par Sam KELLER nous a régalés jusqu’à une heure avancée de  la nuit. 

     On a beaucoup dansé car la musique était super, beaucoup parlé, bien mangé et bien bu aussi : la Rochebière de Pierre coula à flot , tout  comme la cuvée du SCA. 



Après minuit  nous avons même fêté l’anniversaire de Judi qui, pour célébrer l’événement, nous a gratifiés d’un one man show à sa façon ,très apprécié de l'auditoire.



 Certains poursuivirent les festivités longtemps après que les musiciens eurent rendu les armes



 et il paraît même que ce n’est que le soleil du matin qui en envoya quelques uns se coucher.

     J’oubliais : la météo nationale ne s’était finalement pas trompée et nous avons bel et bien essuyé un orage vers neuf heures du soir, au moment où l’on mangeait les cochons mais, les dieux des cavernes et de la spéléo étaient décidément de notre côté : dans un combat météorologique qui nous dépassait, miraculeusement, la pluie ne tomba… que d’un côté du chapiteau et la douche fut de courte durée si bien que le bal en extérieur put ensuite se dérouler sur un sol non boueux, pour le plus grand plaisir des danseurs.

     Mais la fête des 50 ans ne s’est pas arrêtée là : en effet, le lendemain, il fallait que le chapiteau soit transporté à Rosières pour 14h 30. Le challenge de son démontage express après une longue nuit de teuf était de taille . Dès l’aurore, ( pour certains ) ce fut une nouvelle fois une vraie fourmilière. Tous ceux qui étaient restés dormir sur place ont donné un coup de main et… ON L’A FAIT ! ( mais on n'a pas de photos )

     En fin d’après-midi, le terrain de la fête avait repris son aspect habituel et nul n’aurait pu deviner qu’environ 200 personnes y étaient la veille et y avaient passé une longue soirée. Un orage, nettement plus violent que celui de la veille a bien troublé les rangements de l’après-midi mais l'Unimog d'Hubert nous a sauvés en parvenant à tirer camion et voitures embourbés. Seul le plat de cochon rôti que nous souhaitions donner aux copains de Louyre en remerciement n’a pas supporté la fin de la fête : après une course échevelée dans le quad de Pierrot ( qui ignorait ce qu’il transportait ) dans les ruelles de Louyre, le plat s’est renversé tartinant copieusement de graisse les parois du petit frigo qui le contenait  ... Bilan : 2 minutes de trajet et 2 heures de nettoyage !.

    Et ce n’était pas fini : comme il restait encore pas mal de cochon, nous avons congelé les restes et, le 1er juillet, au soir, chez Anne-Marie et Pat, ce fut la "Reboule" des 50 ans. Autour d’une très grande table, ceux qui avaient œuvré à la réussite de la fête se sont retrouvés et… nous avons tout liquidé. Après le repas , nous avons aussi regardé les photos de la fête  ainsi que le grand diaporama dont nous n’avions pas vraiment pu profiter le 4 juin tant nous étions occupésChaque diapo fut commentée, l’ambiance était chaleureuse et la soirée dura longtemps.

     Un grand, grand merci aux amis de Louyre sans qui nous n’aurions pu donner à cet anniversaire son caractère si particulier . Un grand merci donc pour l’aide qu’ils nous ont apportée. Un grand merci aussi à tous ceux ( et ils sont nombreux ) qui ont mis leur pierre à l’édifice, du prêt du chapiteau à celui de la rôtissoire et à la confection du gâteau-grotte, sans oublier les « petites mains » qui ont œuvré pour que cette fête soit une réussite. 


                                                                                           Anne-Marie

Les photos de cet article sont celles de Jean-Paul Soulier ( Calistou ), d'Etienne Merchat et d'Anne-Marie Génuite.



Lundi 12 octobre 2020

      Pour faire suite au récit des aventures des ardéchois au gouffre Berger,  Hubert Oddes exhume à nouveau des archives ses comptes rendus des années 60/70 et Gilbert Platier a retrouvé quelques diapos de l'époque. Nous remontons une cinquantaine d'années en arrière et restons sur le plateau du Sornin mais ce sont les explorations d'un autre grand gouffre dont il est question.


Plateau de Sornin ( Vercors )

Expédition Scialet d'Engins ( Gouffre de la Fromagère


4 - 5 - 6 septembre 1967

     Départ pour la Fromagère, il y a Hubert et Roland Oddes, Jacques Felenc, Alain Lamotte ( Alouze ) et Daniel Duchamp tous du S.C.Aubenas. Nous arrivons, il y a du brouillard sur le plateau le temps est très froid et il a beaucoup plu ces jours derniers. Nous nous installons, il y a déjà 5 spéléos de Cannes.


Gilbert Platier, Henri Rossetti, et Michel Grandenne sur l'échelle en bois équipant le ressaut d'entrée. 1971.  Photo Gérard Journet.

5 septembre : 

     Nous ne faisons pas grand-chose, nous "bullons", le temps s’est arrangé : il fait beau. Les équipes pour le grand puits se font, le matériel est préparé. Bonne journée de repos.

6 septembre :  

     Descente dans la Fromagère, la première équipe descend à 9h, la deuxième à 10h avec Alain, Daniel, Claude Lamoureux de Cannes, puis à 11h Jacques, Christian Bayle et à 13h Hubert, Roland, Jean-Louis Bayle ( Popeye ) en équipe de pointe.

     En descendant nous rencontrons Jacques et Christian à -114, Jacques est torse nu, il s’est passé que dans ce puits de 15m, il a coincé son descendeur entre l’échelle et le câble téléphonique, il est donc resté 30 minutes sous la cascade. Il était gelé et en bas on lui a trop passé de pommade Dolpic qui est un révulsif puissant. Il a fallu qu’il remonte avec Christian, mais on savait déjà qu’on ne descendrait pas le grand puits, car le débit du ruisseau était trop fort. Tous les puits étaient très arrosés.


La pommade miracle ! A base de piment rouge elle procurait au spéléo qui s'en enduisait abondamment une vive sensation de chaleur lui permettant d'affronter, en petite tenue, l'eau glacée des rivières souterraines. Mais le bon dosage était parfois délicat à obtenir...
( Vu les risques de brulure, le laboratoire, depuis, a adouci la composition  : beaucoup moins efficace dorénavant ! )

     Nous sommes allés à -205, là les autres déséquipaient. Vu le débit, nous avons mangé un morceau, et la remontée a commencé. Riton de Grenoble est remonté seul, il a fait tomber son sac à -165 et n’a pas failli se sortir du méandre, il était mort à l’arrivée. Puis les cannois sont montés, et nous les avons suivis après en mettant l’équipement des puits à l’abri depuis -205. Il y avait 7 sacs pour 5.


Jean-Pierre dans le second puits. Octobre 1970.  Photo Jean Pierre Péron.

     Avec le nouveau passage du premier méandre, les choses se sont arrangées, c’est plus facile. Christian et Jacques nous assuraient dans l’avant dernier puits. Pour le passage des sacs, on les a attachés à la file et fait un train dans la chatière, en nous y espaçant. Cela a très bien marché, Je ne me suis pas arrêté à ce puits ni au dernier où l’équipe de surface assurait. C’est fini pour cette année, mais avec la pluie, ce n’était pas une bonne année spéléo dans le Vercors. Arrivée à Aubenas à 4h du matin.


Dans le premier méandre. Octobre 1970.  Photo Jean-Pierre Péron.

 23 - 24 septembre 1967

    Levés à 6h30, départ pour le plateau de Sornin à 9h. Arrivés vers le gouffre d’Engins dit la Fromagère à 10h30, chacun étant chargé lourdement. Les préparatifs du camp sont faits, installation de tente pour le matériel et la bouffe. A 13h une équipe de cannois pénètre dans le gouffre pour faire sauter le bouchon mis exprès pour les curieux. A 14h, Alouze, Carole de Cannes, Gilbert Platier de la Voulte, André et Hubert descendent avec Jean Lavigne et Trébuchon.

     Au bas du puits de 25m, Lavigne ne peut franchir l’étroiture et devra remonter, Trébuchon le suivra. Après l’étroiture de 15m, nous commençons le méandre. Gilbert et Christian sont partis en premier pour équiper les puits, Monique et Claude déroulent le fil téléphonique. 


La ligne téléphonique fonctionne !  Photo François Bravais.

     Alouze suit et pour passer la chatière du méandre mettra au moins 15 minutes. Je le suis. Le premier méandre long de 120m est très fatigant et très étroit, le deuxième de 120 m est à peu près aussi étroit mais il est plus haut, ce qui fait que l’on peut marcher debout. Entre temps, il y a plusieurs petits puits à franchir et à la fin du deuxième méandre un puits arrosé de 18m avec ressaut, nous sommes à -120.

     Là, on a essayé de manger un peu. Juste avant, Roland nous a rejoint, seul, car Bernard Lauriol ( Bédigue ) n’a pas pu passer là où est passé Roland, par le haut du méandre, ce qui fait que Bédigue restera seul à nous attendre dans le noir pendant 10h ( sa lampe acétylène a eu un gros problème et il est resté dans le noir en attendant le retour de Roland ). Nous ne mangeons presque rien, Roland, Alouze, Gilbert et Christian passent encore un petit méandre, ensuite puits de 15 m et de 27 m très arrosés. Nous arrivons sur un puits mais il n’y a plus de matériel, arrêt vers -170, le retour s’effectue en 3 équipes. L’équipe topo : des gars de Grenoble, partent les premiers, puis celle de Claude, Gilbert, Roland etc…


Gilbert devant la première verticale. Photo François Bravais.

     Sortie du trou à 6h du matin, toujours un temps magnifique. Durée de la remontée : 15h. Nous sommes trempés, l’air est à 5°, l’eau à 4° plus un courant d’air glacé dans le gouffre. A 11 h, Max Gelly, Michel Etienne ( Jeff ), Jacques et Pierrot  Debanne nous trouvent à l’entrée du trou et nous aident à remonter les sacs après l’étroiture à -35.

     Expédition bonne mais manque d’organisation, temps très beau et chaud pour l’altitude 1760m, tout le monde est content.


En bas du ressaut d'entrée. Novembre 1971. Photo Gérard Journet.

21 - 22 octobre 1967

     Départ à 13h avec la Domaine Renault pour le gouffre d'Engins. Il y a Roland, Hubert, Max, Alouze, Pierre et Pierrot. Plus pas mal de matériel. Nous passons par les gorges de Bourne que nous admirons au passage et qui sont magnifiques. Nous arrivons au gouffre à 17h. Nous rencontrons les 2 topographes qui se préparent à partir dans le gouffre. Nous nous préparons avec les vêtements imperméables plus les bottes et démarrons vers 17h30. Nous avons chacun un sac avec matériel et un peu de bouffe, Pierre reste à l’extérieur. Nous rejoignons le groupe Lamoureux, Gilbert plus les topographes.

     Auparavant j’ai assuré Lavigne pour remonter le puit de 35 m car il n’a pas pu passer le méandre. Ensuite nous arrivons à -120, là nous continuons la découverte, Max et Alouze resteront à -140 pour l’assurance, Max redescendra jusqu’à -160 dans le puits arrosé. Pendant ce temps nous allons jusqu’à -205. Là nous sommes dans le méandre de 80m qui précède le puits de 27m, nous rencontrons 2 gars du groupe de la Tronche, ils sont vraiment des forts de la spéléo, et là à -205 on installe des échelles : 60m et Gilbert descend. Mais il ne rencontre pas le sol et sonde au-dessous de lui en annonçant encore 60 à 80m, nous avons donc affaire à un puits énorme de 150 m aux dimensions très grandes.


Gilbert attaque la descente. Photo François Bravais.

     Gilbert remonte, l’espoir est né, car tout est permis, et nous sommes assurés au moins d’un gouffre de -320 m pour les prochaines expéditions. Ensuite c’est la remontée, nous restons Roland, Max, Alouze, les deux gars de la Tronche et Hubert pour déséquiper de -205, et autant dire que nous en bavons. Car tous les autres sont remontés au soleil, les salauds, et nous devons nous trainer deux et parfois trois sacs dans les méandres. Heureusement l’équipe de secours d’Aubenas est arrivée, et nous accueille à la sortie du méandre. Mais nous en avons bavé, ils remontent les sacs, il y a Daniel, Bernard, Jeff, Pierre et Kiki Carret. Les derniers puits sont durs à remonter, car le froid s’est fait sentir malgré les vêtements imperméables qui ont pris l’eau. Le soleil est le bienvenu.

Sortie à 13h, durée de l’expédition 20h, sans bouffer de 24 h !!! 

Bonne expédition et nous revenons par la Bourne, la Frégate tient bon.


Brouillard dans le ressaut d'entrée. Photo François Bravais.

25 août 1968

     Nous entrons à 10h30 à la Fromagère après l’équipe de Vallon qui équipe jusqu’à -200, puis Roland, Max et Claude descendent pour faire équipe de pointe. Je suis avec Alain et Daniel et nous portons du matériel. La descente s’effectue en 4h dans ces affreux méandres. Arrivée à -200, l’équipe de Vallon remonte, tandis que je descends dans le grand puits jusqu’à la vire à 35m du départ de -205, là Roland me rejoint, puis Claude. Roland descend encore de 30 à 40 m sur une autre petite vire, le puits est très arrosé et il arrive trempé.


De l'eau partout ! Photo François Bravais.


     Max descend à -235, et je rejoins Roland à -270 sur une vire, là il descend de 50m, et le puits continue toujours. Il faut dire que nous sommes en première, c’est-à-dire que nous découvrons ce gouffre qui est exploré pour la première fois. Il s’arrête sur une arrête rocheuse où le puits se divise en deux et jette un caillou mais ne l’entend pas arriver, il doit y avoir encore 80m, le puits ferait 230m au moins ?

     Nous remontons en équipe de 2 ou 3, et je sors en 3h30, mais nous sommes assez fatigués. Sortie à 2h30 du matin, temps passé sous terre 18h.


3 - 4 - 5 octobre 1969

Vendredi 3 octobre : 

     Départ de Roland et Alouze pour Grenoble, ils vont prendre Max à la gare qui a une « perm » et vont manger et coucher chez Hélène.

Samedi 4 octobre : 

     Départ pour le plateau de Sornin, il y a déjà l’équipe de la Voulte, quelques Cannois, Christian, Jean-Louis et d’autres. Descente dans le gouffre. En pointe : Gilbert et Roland, en relais à – 200 : Max et Alouze, à -230 lieu d’assurance du grand puits, Jean -Louis et Badingue.

    Le puits ferait 225m ? En bas il se rétrécit beaucoup avec un petit méandre amont où il faudrait se mettre à l’eau, et l’aval, étroit le plus souvent, oblige à marcher courbé, ressaut, gours puis autres gours avec eau jusqu’à la ceinture et arrêt sur un siphon. 

Il faut espérer, que dans le puits il doit y avoir un départ en paroi.

Le puits est très arrosé malgré la sècheresse et le peu d’eau qu’il y avait en amont venait surement d’affluents.

     Cote atteinte environ - 440, la  topo n’ayant pas été faite, nous ne connaissons pas exactement la profondeur du grand puits qui sera exactement ( nous le saurons ultérieurement ) de 205 m après avoir fait les relevés topographiques, il est baptisé le puits Bourgin.





17 - 18 - 19 octobre 1969

Départ pour le Sornin de Roland et Alouze à 17h, arrivée à 19h.

Samedi 18 octobre : 

    Descente pour déséquiper le gouffre jusqu’à -200, ils sont 6 avec ceux de la Voulte et déséquiperont jusqu’à -140 avec tout le grand puits. A -140, Roland va avec 2 niçois faire une première dans un méandre merdique et trouve 3 puits entre 25 et 30 m et en laisse un autre difficile à atteindre. Alouze arrive en grande forme et n’a pas soufflé en remontant aux échelles, l’ambiance est excellente. Lorsque l’équipe de Christian est descendue, il n’y avait presque plus rien à remonter. Très bon week-end, ambiance excellente, voilà qui présage bien pour les futures expéditions.

(  Le compte rendu de cette expédition est succinct car Hubert souffrait d’une hépatite et n’a pu participer aux expéditions et faire les comptes rendus )


12 - 13 septembre 1970

     Départ le matin dans la bagnole d’Alouze, il y a Hubert, Roland et Alouze. Nous partons à 7h30. Arrivée à la Molière, nous voyons Jeff qui arrive en même temps que nous et il est parti 1h après nous !

     Arrivée sur le plateau le temps est magnifique. Arrivée à Engins, il y a l’équipe de la Voulte et une équipe de Grenoblois du S.C.M. bien sympathique. Nous mangeons un morceau et les équipes se forment.

     Le treuil et le câble ont été descendus la semaine dernière, Roland, Dédé et Badingue vont à -250 pour finir d’équiper, ils descendent à 1h30 du matin. Puis à 7h30, Jeff, Hubert et François descendent pour les relayer. 


Installation du treuil à - 200 qui finalement ne sera jamais utilisé... Photo François Bravais.

     Il n’y a pas trop d’eau, à -250 nous plantons encore des spits. Je passe une heure sur 2 étriers au-dessus du grand puits à placer un spit de 10. Voir l’équipe Gérard et le Grenoblois descendre est extraordinaire. Jeff se gelait un peu et lors de la remontée il attrape quelques crampes. La remontée se fait assez bien, les puits étant faciles jusqu’à cette cote. Les 2 derniers puits avant la sortie sont fatigants. Jeff est resté mousquetonné un bon moment, 30 minutes à se reposer sur son échelle. Pour le dernier puits j’ai dû tirer Jeff et François qui en avaient plein les bottes, sortie à 4h30 du matin.

     Au cours de cette expédition Gilbert est descendu seul à -280 installer son escarpolette, qui est une petite plateforme en ferraille de 100 par 50 cm. Placée dans le grand puits pour permettre de se reposer. C’est terrible ! et chapeau à Gilbert. Le lendemain, temps magnifique après que dans la nuit il ait plu un peu. Toute l’équipe va en balade jusqu’à l’entrée du gouffre Berger. Le soir départ vers 17h, toute l’équipe s’arrête à Romans et nous bouffons au resto. Retour à Minuit.


Week-end du 19 - 20 septembre 1970

     Départ le matin, il y a Hubert, Roland Alouze et Traci ( Michel Chabaud ) dans la Frégate. Temps très beau. Nous arrivons à midi au plateau d’Engins, il y a déjà la Voulte. A 13h Gilbert et Badingue descendent au fond pour voir s’il y a une suite. D’autres équipes attendent. Ils téléphonent vers 17h, ils ont trouvé un passage sup, retombant dans un affluent très beau. 250 m de première mais siphon au bout.

   Au cours de l’après-midi, Jeff et Jean-Paul Soulier ( Calistou ) arrivent, suivi de Max. A 19h30 Roland, Gérard et Riquet ( Henri Rossetti ) de Grenoble descendent topographier le nouveau réseau.

A 20h30 Hubert, Max et un autre Grenoblois descendent. A -160 nous rencontrons François, Alouze et Traci qui remontent de -250, Traci fait des photos. A -250 après une descente peinarde, je descends la suite du grand puits, non sans un peu d’appréhension. Max et le grenoblois ne suivent pas, au fond l’équipe de Gérard, Roland et Riquet arrivent de topographier l’ancien méandre, ils n’ont pas trouvé le nouveau.

Arrivé au bas, j’attaque la remontée, dans le premier puits je m’arrête 2 fois sur mousquif, puis à l’autre 2 fois, puis 2 fois. Et à partir de -250 m je ne m’arrête plus : quelle frite ! Cela fait plaisir.

Sortie à 2h du matin.

     Le lendemain à 9h, Jeff, Jean-Paul, Christian et Michel vont à - 90 agrandir le passage du second méandre.

Dehors temps terrible. L’après-midi avec Jeff et un Grenoblois nous allons voir deux scialets pleins de glace « à belle gueule », puis allons sur une prairie dominant Grenoble où nous avons une belle vue sur les Alpes. Départ 17h du Sornin, arrivée 21h à Aubenas. Très beau temps.


26 - 27 septembre 1970

     Départ le matin à 8h, il y a Hubert, Roland, Jeff et Jean-Paul. Nous partons avec la Frégate du S.C.A.V. temps beau. Arrivée à midi à Engins, il y a bien sûr déjà la Voulte, et un club de Grenoble.

    L’après-midi une équipe de Grenoblois descend faire la topo dans la rivière trouvée à -390. Jean-François et Jeff doivent descendre pour faire le grand puits, mais à -190 s’arrêtent et remontent ( pas le moral ). Une deuxième équipe de Grenoblois descend à -130 pour explorer le réseau supérieur, et une équipe de la Voulte va voir les hauts de méandres.

     L’équipe du fond sort à 1h du matin. Le lendemain matin réveil à 6h pour Hubert, Roland, Gilbert, Badingue et Jean-Paul. Nous descendons à -270 sur une petite vire 20 m sous le treuil, là nous tirons les sacs attachés par l’équipe de la veille. Avec Gilbert nous tirons mais c’est démentiellement lourd, il y a 5 sacs et une corde de 120m, le tout sur 50 m. Pendant ce temps Roland spite sur un relais à droite du pont rocheux et 10 m en dessous, sur ce pont rocheux nous retirons les échelles pour les envoyer de l’autre côté, là où se trouve Roland il y a une vire assez spacieuse et c’est sec.

Gilbert descend le premier, il y a un puits de 100 m, il est assuré. Pendant ce temps avec Jean-Paul nous essayons de défaire le sac de nœuds que font les cordes, jamais vu ça ! J’aurai juste fini de démêler quand Gilbert remontera. Puis nous allons à la vire à -280, le puits de ce côté-là est immense, énorme, et Roland descend voir 55 m en dessous sous une vire , avec son réflecteur acétylène il voit très bien le puits et l’escarpolette. Badingue descend après, et je descends en dernier pour remonter le projecteur à acétylène. Ce puits de 55 m a 15 m de verticale plein vide, le reste plaque légèrement. A la vire nous étions à 45m du fond. Le puits est très large à cet endroit mais plus resserré plus bas : cote -335.

     A la remontée, nous déséquipons le grand puits jusqu’au treuil où le matériel est fixé tant bien que mal. Remontée assez pénible pour ma part,

Expé durée 11 h, sortie à 19h.


3 et 4 octobre 1970


     Une équipe composée de Badingue, Jeff et Alouze descend dans le gouffre de la Fromagère, mais devant la quantité d’eau s’arrêtent à -200 et remonte. Le soir, arrivée de Gilbert, Max et Jean-Paul, temps froid et mauvais. Dimanche une équipe descend avec Riquet de Grenoble et remontera un peu de matériel jusqu’à -200, Gilbert n’est pas descendu ayant mal à un pouce.


Vendredi 16 et 17 octobre 1970


     Départ à 10h car certains oublis nous ont fait revenir à Aubenas. Il y a Hubert, Roland, Bédigue, Jeff dans la Frégate. A la Voulte nous récupérons Gilbert qui s’est oublié. Arrivée à 14h30 sur le plateau de Sornin, il y a une voiture de Voultins qui se dorent au soleil.


C'est l'époque des "westerns spaghetti" : on adapte les temps libres. Photo François Bravais.

     Le soir vers 18h, une équipe descend composée de Gilbert, Jean-François et Jean-Pierre, ils vont déséquiper au niveau du treuil et le matériel qui se trouve en dessous, ils font des photos et la topo de -160 à -170 en haut du puits. Ils sortiront à 3h du matin.

     Pendant ce temps le soir nous rentrons dans la cabane et l’équipe du treuil décide de descendre le matin. Le soir dans la cabane chauffée par un petit poêle, nous faisons griller quelques châtaignes apportées par Bédigue, il fait bon. Après un repas préparé par Jeff, beef-steak, fromage, pâtes sans beurre ni sel. Le soir coucher à 21h30. Sur le poulailler du haut, ils sont 5 à dormir et toute la nuit Bédigue "faisant la vie" empêchera Roland et Jeff de dormir.

     Le matin réveil à 6h pour Hubert, Roland, Bédigue et Jean-Louis de Grenoble, nous partons à 7h30, en 1h30 nous sommes arrivés au niveau du treuil, Roland est seul sur la vire du bas et en haut à 3 nous tirons, d’abord le treuil, le bloc qui doit faire 15 à 20 kg puis le câble de 35 kg puis la barre et la manivelle de 15 kg : du sport !


François à - 200 tenant la manivelle du treuil qu'il va falloir remonter ! Photo  François Bravais.

     Je n’ai pas tellement la frite à cause de ma grippe, mais grâce au sucre après ça ira mieux. Nous sommes presque découragés au premier puits tant que c’est dur. Puis au fur et à mesure, la frite venant nous n’aurons pas trop de difficultés. Dans le méandre Roland pousse et décoince le câble tiré par Jean-Louis. Je porte d’un bras le treuil sur le côté et Bédigue porte les barres.

     Tout se passe mieux que prévu, et nous mettrons 8h pour tout remonter de -250 à la surface. Néanmoins à l’arrivée nous sommes un peu fatigués. Ce qui ne nous empêche pas de monter les derniers puits sans nous arrêter, la frite était revenue. Sortie à 17h15. Pendant ce temps Bédigue et Jeff, à deux, déséquipaient de -250 à -130 ( pas mal ! ). Gilbert et Jean-François allaient faire la topo du réseau de -130 pendant que Dominique et Riquet exploraient à fond ce réseau.


Topographie dans un méandre. Fait pas chaud dans le coin ! Photo François Bravais.

    Temps très beau à la sortie, arrivée à 22h30 à Aubenas.


24 - 25 octobre 1970


     Départ à 9h d’Aubenas, il y a Hubert, Roland, Alouze et Jeff. A la Voulte nous prenons Gilbert, et nous partons vers 11h , à Autrans il y a un peu de neige et on voit que le plateau est blanc. Nous prenons la route vers le tunnel. Au départ il y a de la neige en congère et sur 100 m il faut pousser. C’est l’endroit où ça monte le plus, après la voiture accroche, il y a Gilbert et Jeff debout sur le pare-choc arrière et jusqu’en haut, malgré la route verglacée, la voiture ne patinera plus. A la Molière on s’arrête 100 m avant le plateau car une congère empêche de monter plus haut. A 5 nous sommes les premiers à fouler les 25 cm de neige fraîche du plateau et de la prairie, il fait un soleil magnifique mais le froid est vif.

Au camp de la Fromagère, les bâches se sont effondrées à cause de la neige et vers 16h les grenoblois et le reste de la Voulte arrivent et cela fait du monde dans la cabane.

     A 17h une équipe se prépare, il y a Hubert, Roland, Jeff, Jean-Louis, Riquet de Grenoble. Au bas du premier puits la chatière est un peu inondée à cause de la neige qui fond. Dans le méandre il y a de l’eau moyennement, mais on s’arrête à -130 où tout le matériel est entreposé. Roland et Riquet déséquipent le réseau de -130. Pendant ce temps on commence à remonter les sacs. Il y a 5 sacs, des cordes, des rouleaux d’échelles et nous commençons à monter. Dans le puits ça va, le méandre qui suit aussi, il est gros et court, aussi on fait une chaine. Puis c’est le grand méandre, là on attache sur une corde, à intervalle de 1 m, les sacs et tout un chacun tire une part. Cela va pas trop mal, mais c’est un peu fatiguant, puis ensuite c’est le petit méandre, étroit, celui ci est plus fatiguant, puis nous remontons dans le méandre sup.

Nous défaisons tout et passons le matériel un après l’autre sur une corde. L’avant dernier puits sera le plus dur, car il y aura trop de matériel attaché, donc trop lourd et comme la sortie est très étroite, cela accrochera, et l’on restera près de 2 heures dans ce puits.

Jeff y met vraiment du sien !

A la chatière je passe premier avec une corde, et les sacs sont attachés à intervalles réguliers. Jean-Louis se met après au passage délicat, puis Jeff et Roland et de la sortie je tirerai la corde avec tout ce matériel, cela marchera assez bien.

Nous remontons tout le matériel en haut du premier puits car il gèle dehors, sortie 4h du matin : 10h30 d’expédition. Nous dormons dans la cabane et sommes réveillés à 7h30 : 2h de sommeil !

Il y a des équipes qui commencent à porter le matériel aux bagnoles qui se trouvent dans la prairie. Il fait un temps magnifique et le soleil chauffe très fort, la neige fond, et on peut se mettre torse-poil. Nous bullons un peu, mangeons un morceau. A 13h30 nous commençons à charger et vers 15h nous partons vers Autrans où nous buvons un dernier pot.

A la Voulte on décharge le matériel et nous prenons le nôtre, arrivée à 19h30 à Aubenas.


25 septembre 1971

     Départ à 13h, il y a Hubert et Roland en 4L. Nous allons à la Fromagère. Arrivés sur le plateau de la Molière, nous voyons la voiture de Popeye. Cela nous fait plaisir car nous apprenons peu après, qu’il a trouvé du travail à Privas. Le temps est très beau.

Au camp il y en a qui sont descendus pour équiper le grand puits. Il y a l’équipe de Grenoble, il n’y a pas Gilbert, mais il y a Gégé et Badingue. Il y a peu de monde, d’autant plus qu’il y en a qui partiront le soir.


26 septembre 1971

     Les équipes se préparent, Badingue et Popeye vont aller faire la topo dans le réseau à -130. Ils la feront aussi jusqu’en haut du grand puits. Avec Roland et Gégé je descends jusqu’au niveau de la vire du Treuil à -250 pour faire un peu d’entrainement. Les puits sont secs, il y a vraiment peu d’eau, mais avec Roland nous tomberons en panne de lampe acétylène. La remontée s’effectuera bien sans s’arrêter dans les puits. Pour ce week-end, il n’y avait pas grand-chose à faire.


Ennio Morricone est encore là ! Heureusement la photo est muette... Photo François Bravais.

2 et 3 octobre 1971


Samedi 2 octobre 1971 :

   Départ à 13h30, il y a Hubert, Roland, Alouze, Christian, Jean-Paul et Jacques dans la Frégate. Popeye est parti de Privas avant nous. A la Molière vers 16h30 nous apprenons que les gars du CAF sont là, avec Dupille dit : "la Goupille".

     Le temps est magnifique, il fait un grand soleil. C’est lourdement chargé que nous atteignons le camp de base, Gilbert est absent, il fait une petite grotte vers les Costes Chaudes, quel rigolo pff ! Bon, bien ! La Goupille raconte toujours autant de conneries. Au fond il y a Gérard et Riquet qui sont allés finir d’équiper le grand puits. Le soir autour du feu ça discute beaucoup, puis les équipes sont formées.

Dans le chalet on va se retrouver nombreux, mais au moins on ne sentira pas le froid.


Le vieux chalet sous la neige. Octobre 1970. Photo Jean Pierre Péron.

Dimanche 3 octobre 1971 :

    Vers 7h30 Popeye et Badingue descendent avec Benoît du CAF amener les bouteilles pour la plongée. 2h après Dupille et Papoose descendent et bien après Jean-Louis et deux du CAF pour remonter le matériel. On devait déséquiper le grand puits avec Roland mais comme Alouze doit être à 21 h à Aubenas, on ne descendra pas et avec Riquet on ira balader sur le plateau vers Troumouse où nous irons voir la grotte où le Maquis mettait ses animaux de boucherie, et faisons un autre trou qui descend vers -20.

Pendant ce temps la plongée ne donne rien : siphon plein de mondmilch. Donc Popeye et Badingue remontent et  s’arrêtent à la première vire à -350. Là il y a Badingue qui dit sentir un courant d’air, Popeye va voir toujours aussi décidé, il passe au-dessus du grand puits, mais après un petit méandre de 20m, un petit ressaut de 2 à 3 m, il voit un puits de 5 m de diamètre, faisant peut être 15m, voilà qui est vraiment intéressant, là suite serait-elle trouvée ?

L’espoir revient et le moral remonte. Retour la nuit à 21h à Aubenas.


9 et 10 octobre 1971


     Départ à 13h, il y a Hubert, Roland, Max et Marc. Nous partons en Frégate. A Autrans nous rencontrons Michel Laurent qui nous paye un plateau de fromage et nous retarde un peu, à 19h nous arrivons au camp d’Engins. Dans le trou il y a Gilbert, Riquet et Michel de Grenoble. A 22h ils sortent, mais déçus ça n’a rien donné, le réseau de Popeye redonne sur le grand puits, ils ont déséquipé jusqu’à la vire au-dessus du treuil. A 23h Roland, Max et Hubert descendent pour déséquiper.

    Avec Max je reste sur la vire du téléphone à -200 pendant que Roland va dessous pour attacher les sacs, il nous faudra une heure pour déséquiper ce puits, ensuite c’est le puits de 27m, l’arrivée est difficile, Roland est resté en bas, et nous avons peur qu’un sac passe en bas. La sortie est tellement merdique qu’il me faudra plus de 2 heures pour déséquiper ce puits. Ensuite c’est le méandre, qui nous en fera voir, ainsi que les ressauts jusqu’au puits vertical de 25m, heureusement il n’y a pas d’eau. Finalement à -130 nous laissons 15 sacs. Nous en prenons 3 que nous sortirons , dont un contenant la ceinture de plomb du plongeur.

Nous sortons à 9h du matin, nous sommes tous assez en forme. La relève, Popeye, Gérard et Badingue descend. Pendant que Gérard et Popeye déséquipent à -130 le réseau sup, Badingue monte les 15 sacs en haut du puits ! Ils remonteront tous les sacs jusqu’à -60 au bas du second puits et sortirons à 16h. Michel Pagès est monté avec sa famille. Avec Marc et Max nous sommes allés sur la prairie au-dessus d’Engins. A 18h30 nous partons d’Autrans après avoir mangé des gâteaux, arrivée à 21h.


Photo de famille sur le lapiaz. Photo François Bravais.

16 octobre 1971

     Départ à 13h30, il y a Hubert, Roland, Alouze et Jean-Paul en Frégate. Popeye est déjà monté. Arrivés à 18h à la Molière on apprend que tout le matériel est déjà sorti. Bref on n’a rien à faire.

Vers 19h on commence la fondue, avant on a pas mal discuté au bord d’un bon feu de bois, car il fait frais, il a un peu neigé, et il y a une de ces rosées ! Ensuite le vin blanc circule et après la fondue les litres ont pris un sacré coup.

Vers 20h30 on décide d’aller à Autrans. Tout le monde en tient plus ou moins, mais surtout Alouze, Jean-Paul, Riquet et Jean-Louis qui n’arrêtent pas de chanter sur le trajet de la Molière. Ils y arrivent on ne sait comment. A Autrans nous allons chez « Lulu » et là : « re-série » de Pastis, Vodka, Whisky : encore un coup dans l’aile !

Alouze a un de ces baratins ! Il joue au producteur de ciné, et baratine 3 nanas. Popeye est plié de rire sous un flipper et tout le monde rigole, il prendra le barman pour jouer le rôle du toubib ( un peu alcoolique) ensuite vers 23h on sort un peu . Alouze fait des « raouts ». Puis on se présente devant la boîte de nuit "la Grange" où on nous fait l’entrée à 7 francs au lieu de 10 francs. L’ambiance est bonne, ça crie, gesticule... Alouze danse "psychédéliquement", bref ça chauffe.  Puis à la série de slows, toutes les nanas sont draguées par la "bande d’Engins", on essaye de baratiner de tous les côtés et la lumière tamisée s’y prête bien, d’autant que l’effet des Whiskys se fait sentir.

Alouze danse, mais oui! Il "jerke", "slow" et baratine sans dire un mot ! Quel as ! Il se sort la nana !

Il n’en revient pas ! Serait-ce dû à sa barbe ? Nous l’en persuadons et il n’est pas prêt de se la faire couper. L’ambiance est bonne et on rigole bien. A 1h je monte avec Gégé et Popeye, car lundi j’ai mon examen : il faut être sage! Les autres rentreront vers 2h après que les flics soient venus faire un contrôle d’identité. Le lendemain très beau temps. A 14h nous montons le matériel à la Molière et partons vers 15h.                                                                                                                                          Hubert Oddes, Gilbert Platier

 Epilogue : 

     Il faut attendre 1979 pour que la suite de la cavité soit découverte.

A une quinzaine de mètres avant le siphon terminal de - 370 m, une petite escalade permet d’atteindre un boyau repéré par Robert Russ des "Darbouns" lors de la plongée du siphon par Fred Vergier en 1978. L'année suivante Bernard Faure du S.G.C.A.F. désobstrue ce boyau ventilé qui donnera accès à la suite du gouffre jusqu’à - 902 m. En 1990 Frédo Poggia plonge le siphon de 200 m dans l'amont de l'affluent - 1000 du gouffre Berger et jonctionne avec le fond de la Fromagère ce qui donne un réseau de plus de 25 km pour 1271m de dénivelée. En septembre 2016 une nouvelle cavité du plateau dénommée Delta 35 est jonctionnée après 463m de descente avec l'affluent de - 660 de la rivière de la Fromagère.

4 juin 2020

Calles et Causses Années 2000

Quelques pérégrinations dans les différents causses, région karstique toujours aussi attractive et dont le potentiel reste énorme...
L'entrée de la grotte des Calles sur le causse de Blandas.

Patrick lors de la montée à la grotte (au fond, Bez & Esparron).

La salle du Balcon.
La grande colonne proche du puits du Mikado.

Diego dans le puits du Mikado : rarement le passage d'une trémie consolidée n'aura procuré autant de frissons ... et c'est pire vu d'en bas !

Benoît au terminus 2006.
Le causse de Sauveterre n'a que rarement été l'objet de notre attention.
Prospection hivernale avec Jérôme en février 2005.

L'art du recyclage caussenard !
C'est le causse Méjean qui aura retenu le plus notre attention et demeure encore un objectif du club.
L'aven Keraval ou du Pic d'Usclat n°7 a été la plus belle aventure et a permis d'atteindre - 268 au début des années 2000 après des travaux importants. Malheureusement il y a peu de photos de cette exploration.
La galerie terminale à - 92, la suite est dans le méandre de surcreusement.

La pause déjeuner juste avant la cheminée Pas-niquée... Les connaisseurs comprendront !

Le plus beau puits du trou (avec le P 57) : le P15 qui suit ce grand puits et annonce des méandres étroits jusqu'à un siphon non plongeable.
La salle Solène s'atteint par un pendule dans le P 57 vers - 200.
 La prospection sur le Méjean est toujours un plaisir.
L'entrée de l'aven des Claux était inaccessible en 2006.
L'aven de Pouzzaronne a été une déception malgré une désobstruction du fond et la découverte d'un petit puits.
L'entrée de l'aven.

Le seul grand puits du trou vers - 70.

Nanard nous avait conseillé de reprendre ce trou bien alléchant mais trop peu ventilé.
Voilà quelques trop rares photos de nos pérégrinations caussenardes dans un cadre toujours aussi magnifique.
Thierry


Mardi 24 mai 2020

Gorges de l'Ardèche - début des années 2000...

En ces temps de restriction des libertés tous azimuts et d'infantilisation de la population, quelques photos des pérégrinations du club au sein des gorges de l'Ardèche...

En 2003, la découverte du collecteur du Saleyron fut un temps fort du début du nouveau millénaire.

La reconnaissance du bassin terminal confirma bien qu'il s'agissait d'un siphon ; depuis Jean-pierre l'a franchi et s'est arrêté sur un S2 dans une atmosphère mortellement saturée en Co2 dans la galerie intermédiaire.

Lors de la 1ère...
Le secteur "G" est dominé par l'évent de Gournier.

L'évent de Gournier est caractérisé par des crues brutales et une importante mise en charge où même l'Ardèche contribue aux remplissages internes ; là aussi la 1ère sera au rendez-vous mais demandera bien plus d'efforts qu'au Colombier
 (photos D. Cantaluppi).
L'aven des Arbousiers en secteur "T" exploré par l'équipe Chauvet a subi les conséquences d'un puissant séisme.

La grotte de la Grosse Marguerite fait partie d'un ensemble remarquable de cavités fossiles concentrées sur un secteur restreint.

L'aven-grotte Bob est un maillon essentiel du secteur.

Les témoignages historiques abondent sur les parois des grottes des Gorges, un patrimoine à préserver !
Le marcassin sauvé lors de la première investigation dans l'aven-grotte Bob ; son frère jumeau n'a malheureusement pas pu être sauvé...


Le "T4" découvert en 2004 : une désobstruction importante n'a pas permis de franchir le bouchon terminal.
"Boulon" dans l'orifice protégé du Débaptisé avant que des imbéciles décident de détruire la porte pourtant non cadenassée. Le secteur "M" est riche de plus de 130 cavités inventoriées et est bien connu pour la traversée Rochas-Midroï.

La grotte des Escaliers témoigne d'aménagements importants pour accéder aux richesses du karst profond. La rive gauche est par la présence de la route des Gorges plus accessible et bien plus fréquentée.
La montée, l'hiver, à la Baoumo de l'Oustalas en secteur "R".

La grotte Renault en secteur "R".
Le Pas du Mousse vu du porche de la grotte Renault.
Les remarquables argiles varvées de la grotte du Cirque.
Un locataire de la grotte de la Frite (secteur "MA").
Vers la Coutelle (secteur "SM")...
Thierry


Mercredi 6 mai 2020

Le S.C.A. porteur de la flamme olympique.


Jeux d'hiver de Grenoble, 6 février 1968 

     A cette époque, le S.C.Aubenas explorait sur le plateau du Sornin, non loin du gouffre Berger, le scialet d'Engins ( gouffre de la Fromagère ). Nos découvertes étaient suivies de près par le maire d'Engins qui nous soutenait. Il était ami avec Jean Lavigne l'un des explorateurs du Berger. C'est par son intermédiaire qu'il demanda au club de participer au portage de la torche qui devait rejoindre Grenoble en passant par sa commune.

Le trajet de la flamme olympique.  7222 km, 5000 porteurs acclamés par 2 millions de spectateurs !
     Départ à 8h30 d'Aubenas. Arrivés à St Maurice d'Ardèche, Pierrot prend la voiture ( sans autorisation ) et rentre dans un mur. Bilan : un phare cassé et une aile froissée. De plus, le flexible de frein s'est détaché et traîne par terre ! Nous repartons et prenons Daniel au Teil.
     La voiture cale juste devant un flic : défaut d'allumage. Nous empruntons la N7 jusqu'à Valence où nous prenons "Jeff" et "Alouze" qui viennent de se faire arrêter et infliger un PV à Romans pour pneus lisses. Nous arrivons à Grenoble à 13 h. Montée à Engins à 15 h. Les freins cassent dans la montée ! Nous essayons de réparer mais impossible. Descente à Engins sans freins. "Jeff" avec sa 203 retient la Frégate ! Sur place, nous retrouvons le groupe spéléo et des membres du camp des gorges à Vallon, plus Jean Lavigne un ancien du gouffre Berger, soit une vingtaine de personnes en tout, habillés avec leurs belles combis jaunes, casqués, bottés, qui portent la flamme en relais sur 3 km. Mais il faut courir vite car elle a du retard. 
     Aussi ils partirent à 20 et se retrouvent rapidement seulement à 3, le reste de l'équipe ne pouvant pas suivre le rythme avec tout leur barda. 

Le flambeau de 70 cm en bronze, alimenté par 280 g de butane : autonomie 2 heures.

     Puis finalement le relais est passé à un autre groupe sportif : les spéléos ont fini leur boulot. Nous descendons avec les autres voitures  à Grenoble et couchons chez Lavigne après une soirée à la Taverne Bavaroise. 
     Le lendemain, nous remontons à 9 h vers Engins où nous arrivons à 10 h30. Près de la Frégate cabossée, " Alouze " dit en rigolant : " je vais mettre la voiture dans un ravin ". Manque de pot, il y avait des flics pas très loin. Aussitôt suspectés ( de quoi ? ), nous sommes arrêtés et embarqués par la police. Nous serons bloqués pendant 7 h au poste. 
     Heureusement le maire d'Engins interviendra auprès de la maréchaussée et arrangera cet imbroglio ubuesque.
      Nous regagnons Grenoble où nous prenons le train jusqu'à Valence, puis Aubenas. Nous réparerons la voiture en mettant un point de soudure au bout du flexible, puis purge du circuit et le tour sera joué. Il n'y aura du freinage que sur 3 roues, mais bof ça marche ! 

Belle époque où nous rentrions à 7 ou 8 dans la voiture !
                                                                                                                                                                                                  Roland Oddes

Ont participé à cette truculente aventure :

Roland Oddes, " Jeff " ( Michel Etienne ), " Alouze " ( Alain Lamotte), Daniel Duchamp, Pierrot Debanne, " Bédigue " ( Bernard Lauriol ), Jacques Teyssier, " Kiki " ( Christine Carré ) et son frère Pierre.

 
Dimanche 26 avril 2020

      Pour continuer sur le thème du gouffre Berger, Hubert exhume aujourd'hui de ses carnets le récit de la première prise de contact du club avec cette cavité. 

     C'était à l'occasion d'un long secours en cette année de contestation...


1965 : Max Gély, Jacques Felenc, Roland Oddes et "Jeff" (Michel Etienne )


Sauvetage au Gouffre Berger  Août 1968



     Début août nous étions une partie des spéléos d’Aubenas en Bretagne pour passer des vacances et découvrir une région. Nous quittons la Bretagne et descendons à Biarritz en longeant la côte avec le voilier de l'oncle de Daniel Duchamp. Le 16 août nous partons de Biarritz pour Aubenas avec l’Ami 6 de la famille Lauriol et ma petite Fiat 500. Nous partons de Biarritz en fin de matinée et nous arrivons à Aubenas à 1h du matin le 17 août.
     Dans l’après-midi nous avons un appel de la protection civile pour nous annoncer qu’il y a un grave accident au gouffre Berger dans le Vercors. Le soir à 22h nous partons pour le gouffre avec notre Frégate et nous arrivons à 4h du matin au gouffre Berger. Petit repas puis nous nous préparons. A 7h du matin notre équipe ardéchoise va descendre. L’équipe est formée de "Popeye" ( Jean-Louis Bayle ), Roland Oddes, Max Gély, "Alouze" ( Alain Lamotte ) , Daniel Duchamp et Hubert Oddes.
     Nous sommes assez étonnés d’être la seconde équipe à arriver au gouffre Berger pour participer aux secours, bien que nous soyons à 180 km de là et c’est pour cette raison que nous descendons dès notre arrivée. Ce sera notre première découverte du gouffre Berger, mais à cette époque nous étions entrain d’explorer le gouffre de la Fromagère qui est situé à 30 minutes de l’entrée du Berger.
     La descente s’effectue bien ainsi que les passages en canots du lac Cadoux. Arrivée à -500 nous nous restaurons un peu puis allons à -650 vers le blessé. C’est un anglais il s’appelle Yves Peters, il a fait une chute d’une dizaine de mètres et souffre de multiples fractures. Un infirmier est déjà présent à côté de lui pour lui injecter de la morphine afin qu’il puisse supporter la douleur lors de la remontée.
     Nous sommes la première équipe à arriver près du blessé, celui-ci est préparé pour être mis sur la civière puis la remontée commence. Lente, avec de nombreuses tyroliennes, c’est-à-dire que nous tendons un câble dans la grande galerie sur une distance assez grande et nous fixons la civière avec des poulies sur ce câble et nous la tirons.
A un moment le câble lâche et le brancard tombe de deux mètres sur la tête d’"Alouze" et sur le dos d’un spéléo d’Autrans. On a peur que le blessé en ait souffert. "Alouze" est un peu sonné, il est assis par terre. En reprenant ses esprits il se précipite vers la civière qu’il retourne et le blessé lui répond « ça va, je n’ai rien ».
     Heureusement il n’a rien. La remontée est assez difficile dans le Grand Canyon à travers les éboulis et nous avons vraiment sommeil. Nous remonterons le blessé de -650 à – 500. Là d’autres équipes arrivent pour prendre le relais et à 2h du matin nous attaquons notre remontée. En 1h nous sommes à -250 au bas du puits Aldo, là les difficultés dues à la fatigue commencent. Les crampes aux bras nous obligent à de fréquents arrêts sur nos petites échelles souples en acier et finalement 5h après nous sortons à 7h du matin.
     Lors de la remontée dans les puits, Roland, qui est juste devant "Alouze", l’aide et le réveille quand il s’endort à chaque arrêt sur les échelles. Il m’arrive de m’endormir aussi au moment où l’on mousquetonne sur les barreaux pour se reposer et la sortie nous paraîtra longue. Nous restons voir s'ils ont besoin de nous à l’entrée du gouffre, mais des spéléos affluent de toute la région, les médias sont là et devant ce « barnum » nous repartons pour l’Ardèche.
     Le blessé sera sorti en 5 jours, il sera maintenu sous morphine à cause de ses multiples fractures, mais il s’en sortira bien, sans séquelles.
      Ce fut une très bonne expérience pour nous quoique très dure vu le manque de sommeil, pratiquement 3 jours pour certains.

     A la Molière, un gars inconnu nous remet 50 Francs, ce fut un beau geste...


Première descente des gorges. "Jeff", Roland Oddes. ( On pouvait dormir, faire du feu, c'était la liberté totale ! Heureux jours... Notre première descente date du 16 juillet 1964, nous étions seuls avec des chambres à air pour porter la bouffe, pas de canoë, seul des campings naturistes 2 ou 3 il me semble... ) 


Dans les gorges. Alain Chauvet ( non spéléo d'Aubenas ), Pierre Debanne, Marc Lauriol ( frère de "Bédigue" mais ne faisait pas de spéléo ), Jacques Felenc, Hubert Oddes et "Jeff" ( Michel Etienne).

Printemps 1974. Pompage du premier siphon de la grotte de Chabanne. A gauche Jeannot Gilly, tout à droite : Roland Oddes et Gilbert Platier.



                                                                                      Hubert Oddes

Mardi 21 avril 2020
 
 Hubert Oddes a fouillé dans ses archives et nous propose la lecture des comptes rendus relatant les aventures épiques des spéléos ardéchois à l'assaut de cette mythique cavité il y a presque 50 ans...

      Pour mémoire rappelons que les explos se faisaient " à l'échelle " ( 22 kits d'équipement... ) et à l'acétylène.

      Grosse motivation et sacrée niaque, les anciens !



Aven de Vigne Close.  Hubert Oddes, Bernard Lauriol  "Bédigue" et Roland Oddes, les trois fondateurs du club  en 1964.


Gouffre Berger 1971


Expéditions Berger CDS 07 1971

Souvenirs

WEEK END DU 12 JUIN 1971

     Le 12 juin, à 7h du matin, tout le monde est prêt. Jeff ( Michel Etienne ) est là avec sa R16 et prétend que tout le monde et que tout le matériel rentrera dans sa voiture ! Il y a Jeff, Jean-Paul Soulier ( Calistou ), Christian Bayle, Roland et Hubert Oddes et tous les sacs ! Tout le long de la route, la parole va bon train, nous sommes sur notre plus grande expédition, et puis les mots « gouffre Berger » font rêver, ne détient-il pas le record du monde avec ses -1150 m de profondeur !
     Nous faisons la halte traditionnelle à Autrans, où nous achetons un peu de nourriture pour 2 jours, et quelques gâteaux à la pâtisserie. Le temps, qui au départ était gris, semble s’améliorer un peu, quelques éclaircies apparaissent, il fera beau, nous sommes d’autant plus heureux qu’il a plu toute la semaine. Nous arrivons sur le plateau de La Molière à 11h où nous laissons notre voiture. Nous chargeons nos deux sacs chacun, et prenons le sentier qui conduit au gouffre. Il nous faut une heure de marche. A l’approche du camp de base, nous entendons les voix des groupes spéléos déjà présents.
     En débouchant sur le camp, nous voyons, qu’il y a beaucoup de monde, et déjà beaucoup de spéléos, prêts, revêtus de leur belle combinaison imperméable jaune, sanglés dans leur baudrier, bardés de mousquetons, freins, descendeurs, ils ont vraiment fière allure !
     Nous posons nos sacs avec plaisir et faisons le tour pour serrer les mains. Il y a les spéléos de la Voulte, de Grenoble, des Vans, de Joyeuse, de Privas, du Cheylard, d'Aubenas, et notre ami de St Marcel Michel Pages. Les tentes sont déjà montées et une grande animation règne car la première équipe va descendre. Les dernières recommandations faites, cette équipe sous la direction de Gégène de la Voulte va descendre équiper les puits jusqu’à la cote -250. Elle est forte de 6 spéléos, chacun portant un sac. Une seconde équipe de deux spéléos suit pour essayer de poser une ligne téléphonique. Nous les accompagnons à l’entrée du gouffre, à 1/4 d’heure de marche du camp de base.
     Nous les regardons disparaitre un à un, avalés par le gouffre, et nous pensons que dans quelques heures ce sera notre tour. Nous retournons au camp de base, rangeons un peu nos affaires, cassons la graine. Nous avons acheté beaucoup de lait concentré, c’est très nourrissant. Nous préparons nos affaires, car vers 6 h de l’après-midi nous devons descendre.
     Le temps passe, nous nous équipons, la dernière équipe composée de Gilbert Platier, Roland, Hubert, Jean-Louis Bayle ( Popeye ) , Marc et Traci ( Michel Chabaud ) prend la direction du gouffre, nous avons pour objectif d’équiper jusqu’à la cote -640, début de la progression dans la rivière souterraine. Chacun est donc chargé d’un lourd sac ou de deux plus légers. Au bord du gouffre, Gilbert descend en premier, suivi par Roland. Hubert s’équipe sur la plateforme en haut du 1erpuits de 30 mètres quand nous apprenons, en haut, qu’un gars vient de faire une chute de 6 mètres. Mais ce n’est pas trop grave, néanmoins chacun pense en son for intérieur : "ça commence bien".
     Hubert descend pour aider, les autres restent en haut du puits Ruiz pour hisser l’accidenté. En surface Jeff et Jean-Paul partent pour la Molière en courant chercher la civière et en une demi-heure font l’aller-retour ( normalement 1h et demi en marchant…). Pendant ce temps on aide Jean-François, le blessé, à gravir les quelques mètres qui le sépare du puit Ruiz où il sera hissé par les copains en haut.
Il sera amené sur la civière à la Molière, et conduit à l’hôpital pour une surveillance. Le diagnostic révèlera un hématome à la rate, l’hémorragie interne n’était pas loin. Comme quoi en cas de chute, même sans dégâts apparents, direction l’hosto.
L’accident s’est produit dans un petit puits de 6 mètres situé juste après le premier puits d’entrée, le puits Ruiz, à ce puits de 6 mètres fait suite immédiatement un autre de 18 mètres. Jean-François, fatigué, a lâché l’échelle, il n’était pas assuré et est tombé au départ du P18, Gégène s’est précipité pour l’empêcher de rouler plus bas. Il a quand même eu chaud !
     Après cet accident, notre équipe reprend sa progression, nous nous suivons, légèrement espacés, les puits sont descendus en rappel, après le puits Gontard nous commençons à être arrosés, le dernier puits l’Aldo de 45 m avant la rivière est descendu, suivit d'une galerie étroite et nous débouchons sur une immense galerie, remplie par le bruit de la rivière souterraine, tout est noir, nous voyons la lampe d’un camarade percer de temps en temps les ténèbres, c’est fantastique. Dès les premiers mètres le niveau d’eau étant très haut, il nous faut équiper un passage en main courante pour éviter de nous mouiller (eau à 4°c).
     Ensuite c’est de la marche sur des blocs, dans la rivière, puis on arrive au lac Cadoux, les eaux étant très fortes celui-ci dépasse les 25 mètres de long, du plafond arrive des cascatelles qui s’y jettent à grand bruit, dans cette immense galerie c’est impressionnant.
Nous sortons les canots ou plutôt ce qu’il en reste, nous avons un canot pointu genre réclame station-service à moitié crevé, et nous mettons par-dessus un second canot mono place qui ne vaut guère mieux, autant dire que le passage des 25 mètres tient du prodige de l’équilibre et chacun se laisse tirer en retenant son souffle, heureusement personne ne videra.
     Nous reprenons la progression dans la grande galerie, nous voici à la Cascade du Petit Général, qui se jette en mugissant du haut de ses 10 mètres. Le passage est équipé de côté mais à l’arrivée les embruns ne nous épargnent pas. La galerie reprend presque horizontale jusqu’au passage de la tyrolienne, qui se fait au-dessus d’un gour profond, sur une main courante en fil de fer. Après on attaque la descente dans la grande galerie qui mène dans la salle des 13 et au camp à -500.
     C’est une descente sur d’énormes blocs, dans une galerie toute noire tant elle est vaste, le faisceau de nos lampes se perd dans l’obscurité, et notre colonne chemine telle une chenille lumineuse à travers ce gigantesque chaos. Nous arrivons près du camp à – 500, les tas d’ordures laissés par les expé étrangères, surtout les anglais, nous indiquent la cote. Nous nous arrêtons pour nous restaurer un peu, chacun sort soit un tube de lait concentré, des raisins secs, des pruneaux, des morceaux de sucre, un jus d’orange, des bananes sèches, un tas de bouffe hétéroclite que nous nous empressons d’engloutir. Nous reprenons nos sacs et poursuivons notre descente, nous continuons à descendre, nous laissons les blocs pour arriver sur de magnifiques gours, pleins d’eau, l’eau ruisselle même par-dessus, c’est du plus bel effet. Au bas de ces gours se trouve le puits du Balcon de 15 mètres, il est rapidement équipé mais les cordes passent du mauvais côté, aussi chacun a droit lors de  sa descente à une douche copieuse, qui ne fait que ruisseler en partie sur la combi imperméable.
     Nous approchons de notre but, nous prenons la galerie fossile, très concrétionnée et après 2 escalades nous arrivons au sommet du petit puits menant à l’Embarcadère, nous sommes à la cote -620. Nous laissons nos sacs qui serviront la semaine prochaine à poursuivre la descente et entamons la remontée.
     En surface il fait nuit depuis longtemps, nous pensons aux amis enfouis dans leur duvet bien au chaud et pensons à ce qu’il nous reste encore à monter ! A la cote -500 nouvelle halte, et nous commençons à 4h30 du matin la remontée, lentement, en mesurant l’effort. Le sommeil se fait sentir, et à chaque halte nous voyons notre ami Marc s’endormir. Enfin nous revoici au lac Cadoux,  le passage se fera bien, les puits ne sont plus guère loin. A 5h30 nous sommes au bas du puits Aldo, le plus dur avec ses 45 mètres de verticale et la cascade qui l’arrose sur 30 mètres.
     Il sera dans l’ensemble bien remonté avec, pour la plupart, une halte à la vire 30 mètres au-dessus de nous. Puis ce sont les autres puits, toujours de l’échelle, des méandres, l’avant dernier puits et le dernier puits Ruiz de 30 mètres de verticale , plus ou moins bien remonté selon la fatigue, enfin nous voici au soleil, il est 9h du matin, nous apprécions sur le chemin du camp, la nature et le ciel bleu, et oublions le milieu hostile mais tellement fascinant que nous venons de quitter.
     Nous apprenons que la veille au soir nos amis d’Aubenas sont arrivés, Bédigue ( Bernard Lauriol ), Max Gély, Jackie et qu’ils sont prêts à descendre. A notre arrivée nous avons droit aux questions habituelles « alors ça s’est bien passé ? », « y a t’il beaucoup d’eau ? », « êtes-vous fatigués… ? », « oui nous sommes un peu fatiguésmais tellement heureux, notre expédition s’est très bien passée » et déjà nous faisons des hypothèses pour le week-end d’après, atteindre la cote -1000. Mais il y a encore des sacs à descendre pour atteindre cette cote, cela ne se fait pas seul, il y avait 22 sacs étiquetés pour le matériel d’équipement pour la côte -1100.
     Une équipe composée de Max, Bédigue, Jeff, Badingue ( Michel Rosa ) et Alain de Grenoble est prête et va descendre 5 sacs à -500. Peu après une autre équipe, formée de spéléos n’ayant jamais fait de grand gouffre, va tâter le terrain, et prendre contact avec les gouffres du Vercors.
Pour ceux de la surface, la journée se passe à « buller » au soleil, à flâner, à penser aux copains qui sont au-dessous avec délectation. A 17h30 Jeff ressort avec Max, ils arrivent au camp, puis peu de temps après, un gars arrive du bord du gouffre, nous annonçant tout de go : il paraît qu’un gars vient de faire une chute de 25 mètres à la cote -250, nous ne réagissons pas, « il bluffe », on lui fait répéter plusieurs fois, on ne veut pas y croire, mais il faut se rendre à l’évidence, il y a un autre accident, le téléphone n’ayant pu être installé, par manque de fil, nous ne pouvons pas avoir de nouvelles et notre angoisse monte.
La plupart des spéléos ayant déjà pris le chemin du retour depuis pas mal de temps, ceux qui restent se concertent , une équipe est formée , Gilbert et Roland redescendent malgré leur fatigue de la nuit, accompagnés par Riquet et Gégé. Ils s’équipent, on envoie rechercher la civière, le moral est bas, l’expédition a mal commencé, si c’est grave elle est fichue, nous en sommes à ces suppositions, quand notre ami Bédigue arrive, il nous raconte, « j’étais au bas du puit Aldo (-250), Alain ( Lamotte ) montait quand arrivé au sommet du puits, il a tout lâché. J’ai vu sa lumière tomber, j’ai mis mes mains devant mes yeux, tandis que Badingue se jetait dessous pour essayer de le freiner, mais heureusement à 15 mètres du sol il s’est trouvé bloqué par la corde d’assurance, et s’en tire avec un bon état de choc. » Donc c’est moins grave, nous respirons, néanmoins l’équipe descend car il faudra le hisser, mais ouf nous avons encore eu chaud.
Enfin il est 21h30 ce dimanche quand cette équipe sort, ils ont hissé l’imprudent, tout s’est bien passé et nous reprenons le chemin de la Molière lourdement chargé. Nous reprenons la route d’Aubenas dans notre vieille Frégate, l’Escrinet nous paraît long, il est 2h30 du matin quand nous arrivons chez nous. 


La vieille Frégate Renault du club achetée 200 francs chez Bourret à Vesseaux... ( vers 1967 )


     Rude week-end !



WEEK END DU 19 JUIN 1971


     Samedi 19 juin, à 7h15 notre ami Bédigue arrive de St Maurice, nous chargeons la 4L et allons prendre Alouze ( Alain Lamotte ). C’est aujourd’hui le grand jour, le temps étant menaçant, on discute ferme sur la possibilité de descendre à -1000. La semaine a été très mauvaise, et nous pestons contre ce mois de juin trop pluvieux, en disant que nous aurions mieux fait de choisir septembre, mais nous sommes en juin et l’expédition est commencée.
A Autrans, après avoir acheté notre bouffe, et sur les conseils de notre ami Bédigue, nous allons à la poste téléphoner à la météo car c’est très gris à Autrans. La météo nous annonce averses et éclaircies, beau temps pour le dimanche. Cette nouvelle nous remonte un peu le moral et nous en profitons pour envoyer un télégramme de félicitations à notre ami Pierrot Debanne qui se marie le jour même. Nous prenons la direction de la Molière et le sentier qui conduit au gouffre Berger. Nous voici au camp de base, il est 11h, Gégène nous annonce qu’une équipe composée de Gilbert, Riquet, Popeye, Marc, Christian et Traci est partie à 10 h pour aller le plus bas possible, et que nous ne descendrons que ce soir vers 18h.
Nous avons donc le temps, et profitons pour ranger un peu nos affaires et manger un petit graillou à l’abri d’une toile car la pluie s’est mise à tomber, pas très fort. Comme il pleut nous bougeons peu, et ce mauvais temps ne nous met pas le moral, heureusement la météo est optimiste, car s’il pleut trop nous risquons d’être coincé par la rivière vers la cote -700. Le téléphone n’étant pas installé, ce que nous déplorons, nous n’aurons pas de nouvelles de l’équipe de pointe.
Au cours de la journée, les spéléos des autres groupes arrivent. Vers 18h, nous nous équipons, avec Alouze et Bédigue, faisons cuire un beefsteak pour nous donner des forces, nous en aurons bien besoin, et prenons la direction du gouffre. Notre équipe est composée comme suit : Gégène, Hubert, Alouze, Bédigue, et un spéléo d’Orléans Joe. Nous avons chacun un sac où nous avons mis des duvets et un peu de bouffe. A 21h nous arrivons à la cote -500, nous installons nos duvets sur une toile plastique, Bédigue qui est toujours prévoyant a amené des journaux qui serviront à nous isoler, il est toujours plein de bonnes idées.
J’avais mon rhovyl complétement trempé par la sueur, heureusement j’en ai emmené un de rechange et chacun rentre dans son duvet. Nous nous retrouvons dans l’obscurité totale des cavernes et le seul bruit de fond que nous entendons est celui de la rivière grondante au loin, accompagné du bruit des gouttes d’eau tombant du plafond. Chacun pense à la descente que nous allons faire dans quelques heures, l’équipe de pointe ne rencontre-t-elle pas trop d’eau ? Nous essayons de dormir, mais peu à peu le froid et l’humidité nous pénètrent et nous font grelotter. Nous sommeillerons ainsi jusque vers 3h30 du matin, où nous entendons les voix de l’équipe de pointe qui remonte. A leur arrivée leurs premières paroles sont : « c’est dément », « jamais vu autant d’eau », ils n’ont équipé que le puits Gaché à la cote -900, après il y a trop d’eau et la progression est impossible. 
Nous sommes bien dans nos duvets, et pas du tout pressés de revêtir notre combi humide, aussi quand l’équipe s’est un peu restaurée, nous nous faisons un peu tirer l’oreille pour leur laisser les duvets, « les veinards ils vont avoir des duvets trop chauds » ! Chacun s’extrait peu à peu de son sac de couchage pour enfiler la pontonnière qui nous permettra de circuler dans la rivière, de l’eau jusque sous les aisselles, sans nous mouiller et par-dessus nous enfilons la combi imperméable.
4h30 du matin nous partons, pendant que les copains rentrent dans les duvets pour récupérer quelques heures avant de remonter. Il va nous falloir près d’une heure pour nous dérouiller et nous réchauffer, en effet nos duvets étant trop légers, nous sentons trop le froid et l’humidité.
     A -640, nous attaquons le petit puits de 10 m qui redonne sur la rivière, et où nous nous étions arrêtés la semaine dernière. A l’entrée nous entendons gronder la rivière, qui poursuit son chemin pour ressortir aux cuves de Sassenage à Grenoble. Nous sommes tous un peu impressionnés à l’idée d’affronter ces eaux froides, en effet au bas de l’échelle, et pendant 450 m nous allons progresser presque continuellement dans l’eau. Gégène descend suivi par Hubert, Bédigue, Alouze et Joe.
Pendant 30 m nous progressons sur des coulées et des stalagmites puis l’eau occupant toute la galerie on descend dans la rivière, de l’eau jusqu’à la taille, l’eau fait pression et colle la ponto et la combi sur la peau, heureusement nous portons des rhovyls qui nous isolent en partie du froid.
     Peu après se trouve un chenal aux eaux profondes que l’on franchit à l’aide d’une main courante, mais aujourd’hui il y a tant d’eau qu’elle est submergée. Pour poursuivre il faut faire de l’opposition de l’eau jusqu’à la taille, pendant 3 à 4 mètres, puis saisir une échelle comme l’on peut, car ce n’est pas commode si on ne veut pas passer à l’eau, il ne reste plus qu’à grimper 4 m et poursuivre le passage en opposition.
Nous reconnaissons bien le travail de Gilbert et le remercions en passant, car sans lui et ses talents de varappe le passage était impraticable. Nous poursuivons ce passage « sup » puis redescendons par un passage délicat, au risque de tomber dans l’eau, profonde de plusieurs mètres à cet endroit, encore un peu d’opposition et l’on est dans la rivière mais avec de l’eau jusqu’aux genoux. Le passage était un peu long, Gégène est parti devant, Hubert le suit, nous nous regroupons un peu plus loin.
Ensuite c’est la progression dans une galerie souvent large seulement de 1 à 2 mètres, à la roche noire et luisante, où toute l’eau passe et où on est bien obligé nous aussi de passer. Elle est coupée de 2 petits puits dont l’un doit faire 10 mètres équipé à côté de l’eau et de marmites dont une que nous franchissons en nous tenant à un fil de fer en nous laissant flotter, de l’eau à mi-poitrine, d’autres marmites ne sont pas équipées du tout, l’eau s’y jette parfois de 1 à 2 m , tombe en bouillonnant, à cause de cela on ne voit pas la profondeur, alors c’est une progression tâtonnante en longeant la paroi, de l’eau jusqu’à la poitrine, en tenant de minuscules prises en paroi et l’on risque maintes fois de passer à l’eau.
Le bruit est « dément » avec toutes ces petites cascades, on ne s’entend presque plus parler, il faut crier pour se faire comprendre. Les 450 mètres nous paraissent longs, et chacun pense « pourvu qu’il n’y ait pas de crue », car depuis notre départ il pleut dehors, comme nous n’avons pas de nouvelles, personne n’en mène large.
Enfin un bruit énorme nous parvient, en approchant le spectacle devient fantastique, nous nous trouvons au sommet de la cascade Claudine qui se jette de 20 m de hauteur dans une grande galerie revenue aux proportions normales du gouffre Berger, 15 à 20 m de large. Pour atteindre les cordes, il faut s’assurer sur un bout de ficelle et marcher sur un tube d’acier de 1m50 en s’appuyant contre la paroi, le tube n’est attaché que d’un côté et dessous il y a 20 m de vide et la cascade qui tombe en grondant. On peut s’imaginer facilement nos impressions ! Tout se passe bien, mon descendeur est installé et il ne reste plus qu’à descendre. En bas luit la petite lampe de Gégène qui s’est mis à l’abri.
     Avec la chute, vers le bas la cascade n’est pas loin d’avoir 2 m de large et chacun est copieusement arrosé par les embruns. Nous sommes à la cote -720, la galerie devient spacieuse, nous progressons maintenant dans les blocs éboulés du plafond. Nous nous éloignons de la rivière car son bruit nous parvient au lointain. Nous descendons par petits paliers à la cote -800, nous trouvons un tas de sacs que nous allons devoir remonter, il y en a 1 chacun. Peu après s’annonce une pente abrupte alors que la galerie devient immense, tout est noir, nous suivons la paroi de droite et entamons cette descente qui se fera sur presque 100m de dénivelé, nous sommes dans le Grand Canyon. Au bas nous retrouvons la rivière et dans un coin de la salle se trouvent les restes de camp souterrain d’expéditions déjà lointaines.
Peu après se trouve le puits Gaché, profond de 20m, toute l’eau s’y engouffre, la progression redevient démente, pas pour longtemps car au bas se trouvent des marmites pleines d’eau, le niveau étant beaucoup trop haut l’expédition a atteint son point le plus bas : -900.
     Nous déséquipons le puits, les échelles sont pliées ainsi que les cordes, et profitons de l’arrêt pour manger un morceau. Nous faisons vite, car nous avons toujours la hantise de la crue, Gégène prend un sac avec Alouze et nous attaquons la remontée du Grand Canyon. La roche est glissante et la pente est telle que nous sommes souvent à quatre pattes.
En levant la tête on voit toujours les lampes des copains qui précèdent au-devant, ils montent toujours « "qu’est-ce que ça grimpe », personne ne dit mot, et chacun suit son rythme. En haut, nous récupérons 5 gros sacs, plus le matériel du bas, bref ! Nous nous les répartissons, ils font bien 15 kg chacun. Heureusement c’est presque plat jusqu’à la Claudine qui n’est pas loin, on entend le mugissement de l’eau. Je pars le premier. Arrivé au bas de la cascade, j’attache mon sac au bas de la corde, place mon autobloqueur et attaque la remontée.
Dès le départ, il faut faire vite à cause des embruns et ne pas se déporter sur la gauche sinon c’est la douche totale. Arrivé au sommet il ne reste plus qu’à s’assurer à la main courante et à hisser son sac. Les autres arrivent, Joe attaque, mais au départ par un faux mouvement il part à gauche et va sous la cascade, quelle douche !
A nous deux nous allons hisser tous les sacs qu’il faudra suspendre car la réception se fait dans un gour plein d’eau. Puis chacun grimpe à son tour et prend au passage son sac. Le retour dans cette galerie démente sera plus délicat, car avec un ou deux sacs sur le dos le poids est un handicap car les bras travaillent beaucoup en opposition et le manque de sommeil se fait aussi sentir, mais nous sommes trop pressés de sortir de la rivière pour y penser.
     Nous arrivons au puits de 10 m nous ne sommes plus guère éloignés du vestiaire, le passage équipé par Gilbert est proche, Gégé et Joe sont partis devant, j’attends Alouze et Bédigue qui ferment la marche. Au passage délicat qui domine le chenal, j’entends un plouf, suivi de gros mots, et ça gueule, bien sûr c’est notre ami Alouse qui a lâché son sac qui est tombé dans l’eau, il flotte heureusement et le courant l’entraîne dans un gour. Ayant franchi le passage, je vois Bédigue et Alouze qui sont au-dessus de l’échelle, Alouze a un coup de pompe et Bédigue est lui aussi fatigué, Alouze veut laisser son sac, mais après un petit sermon d’Hubert il repart courageusement le récupérer.
Au bout d’un moment, comme il tarde un peu, je sors de la rivière et vais trouver un point sec au bas du puit à -640. Gégé et Joe attendent, je leur dis de monter, j’attendrai les deux derniers. Il se passera bien une heure après le retour de Bédigue et Alouze, ce dernier prend des crampes à la cuisse, je monte, hisse les sacs, et nous reprenons la progression ensemble. Nous sommes plus détendus, il n’y a plus de risque maintenant et le plus dur est fait.
Nous reprenons lentement notre montée, et arrivons au camp à – 500 où nous attendaient Joe et Gégé. On reprend quelques forces en cassant la graine, quelques raisins et bananes sèches, un peu de lait, Alouse dit « Ça va mieux », « quand j’ai le ventre creux ça va plus », Bédigue aussi a repris. Nous laissons nos lourds sacs à -500, nous finirons la semaine prochaine de déséquiper. Il ne faut pas s’arrêter trop longtemps car le froid nous pénètre et après pour repartir c’est encore plus dur. Nous attaquons la remontée du grand chaos, vers le haut, les muscles des jambes font mal, heureusement que c’est relativement plat, Hubert commence à prendre des crampes aux deux jambes en approchant du lac Cadoux.  Alouze a repris, Bédigue aussi, heureusement car il faut passer le lac l’un après l’autre, aussi récupèrent-ils entre temps. 
Cette semaine nous avons un bon canot, heureusement car une chute dans l’eau n’aurait rien arrangé. Nous arrivons à la fin de la grande galerie, au bas des puits, nous voyons que le niveau d’eau a baissé, dehors il doit faire beau. Gérard attaque le premier le puits Aldo, Alouze le suit, il ne fera que 5 arrêts pour un puits de 45 m, « il a la frite ! ».
La cascade tout en haut coule peu, Hubert le suit, trois arrêts et il arrive au sommet, nous sommes surpris de voir qu’il y a deux sacs, légers puisqu’ils renferment des duvets, que l’équipe qui nous précédait devait remonter, nous apprendrons par la suite que c’est encore un coup de Monsieur « Traci » ( Michel Chabaud ) : quand il a un sac ça ne va plus, même s’il y a des plumes dedans ! Gégé a continué, Alouze et Hubert progressent pendant que Bédigue monte et attendra Joe.
Bédigue a la frite, il ne s’arrêtera qu’une fois et encore dira-t-il sans forfanterie, « c’était pour me ménager, sinon je ne m’arrêterais pas », aux autres puits, les arrêts seront nombreux, enfin arrive le dernier puits. Il ne fait que 30 m de verticale, mais dans le Vercors, avec la fatigue de l’expédition, il représente un bon 70 m de chez nous.
     A la sortie, il est 18h30, nous avons la joie de voir un magnifique ciel bleu avec le soleil, voila 24h que nous sommes sous terre et nous apprécions. Encore un ¼ d’heure de marche et nous arrivons au camp où nous pourrons encore faire sécher nos affaires, car le soleil ne se couche pas avant 20h. Il faudra ensuite reprendre le chemin de la Molière, une heure de marche, nos 2 sacs sur le dos, les jambes souffrent encore. Il faudra faire encore les 180 km qui nous séparent d’Aubenas, arrivé à minuit et demi, Hubert apprend qu’il doit passer un examen à Montpellier, « sans commentaire sur le résultat... »

DERNIER WEEK-END

     L’expédition est sur le point de finir, mais après la joie de l’exploration, il y a le travail ingrat du déséquipement. C’est ce que nous allons faire ces deux jours. Nous partons à 6h30 du matin, il y a Roland, Jean-Paul et Hubert. A 10 H nous arrivons au camp de base où une équipe s’apprête à aller déséquiper le gouffre jusqu’à la Claudine – 700. Le temps est orageux, lourd il a fortement plu la veille. L’équipe qui descend est formée de Riquet, Dédé, Badingue et Michel.
A midi, Hubert, Roland et Jean-Paul sont prêts et partent pour le gouffre. Jean-Paul ne connait pas le gouffre et nous allons l’emmener jusqu’à -640 au début de la rivière. Nous arrivons à -500 à 14h où l’équipe qui doit aller jusqu’à la Claudine n’est pas encore partie, ils sont entrain de grailler sans s’en faire, pourtant avec ce temps menaçant et le niveau d’eau toujours aussi haut, il faudrait qu’ils se dépêchent, c’est ce que nous leur conseillons. Ils  s’en vont finalement mais pas trop pressés. Comme il ne reste plus de pontonnières disponibles, Roland ne pourra pas descendre dans la rivière, nous allons quand même la voir à la cote -640, le débit est un peu plus fort que la semaine dernière, ceux qui sont dedans doivent s’amuser. Nous apprendrons à leur sortie qu’ils avaient 2 pontonnières percées, et qu'ils se sont fait tremper !
Nous regagnons le camp a -500 où nous rencontrons une équipe menée par Gilbert, qui comprend un groupe de spéléos qui font connaissance avec le gouffre, Il y a Michel Pagès, Jean-Pierre et 3 autres spéléos, ils vont jusqu’à -640. Roland, Hubert et Jean-Paul prennent 2 sacs chacun et entament la remontée du Grand Chaos, les sacs étant trop lourds nous en laissons 3 à la tyrolienne bien en vue. Avec qu'un sac sur le dos, la montée est plus facile et nous arrivons rapidement au bas des puits. Le puit Aldo est remonté avec un seul arrêt à la vire où nous hissons ensuite les sacs, et récupérons les 2 sacs de duvet laissés par cet affreux Traci la semaine dernière, heureusement ils sont légers. Au puits suivant c’est la frite, nous montons sans nous arrêter, ça marche bien, le méandre est là, avec deux sacs certains passages sont délicats, surtout que la roche glisse et que nous n’avons pas trop confiance en certains madriers coincés depuis longtemps.
     Au pied du puits du Cairn, au ressaut de 6 m où Jean-François a fait sa chute, il nous semble que la cascade qui l’arrose grossit à vue d’œil, le bruit s’amplifie, on regarde mieux, en effet, l’eau monte, dehors il doit pleuvoir fort, c’est la crue, nous espérons que l’équipe du fond est sortie de la rivière et rien que pour monter ces 6 m nous sommes mouillés.
     Nous sortons à 21h30, il pleut, mais ça à l’air de s’arrêter. Nous apprendrons à leur sortie que l’équipe de Gilbert aura pris la crue au puits Aldo, ils seront copieusement arrosés par une cascade de 30 m. Gilbert sortira à 2 h du matin littéralement crevé d’avoir assuré son groupe d’un petit niveau. L’équipe qui aura déséquipé jusqu’à la Claudine sortira, elle, à 5h du matin. Gilbert a bien remonté 2 sacs, mais il en reste encore à -500 et ceux de la tyrolienne ont été oublié.
Le lendemain il faut qu’une nouvelle équipe descende. A 10 h, Max, Gégé et un spéléo de Joyeuse descendent à -500, il y aurait 7 sacs à remonter, plus les 3 sacs oubliés à la Tyrolienne. Jeff et Pierre de Privas sont obligés de descendre, mais il y a un point à souligner, c’est que monsieur Traci ( Michel Chabaud ) est arrivé, mais en touriste, il a déjà fait le trou alors pour lui c’est fini, le matériel « connait pas » ! Il faut le forcer à descendre, quelle honte ! Jeff raconte qu'il a dû le forcer à descendre l’Aldo en lui promettant de l’assurer à la remontée, c’est le comble !
     L’eau a beaucoup baissé et les puits ne sont presque plus arrosés, mais vu le nombre de sacs, Roland et Hubert se rééquipent et redescendent avec Bédigue et Christian Durieux des Vans, le vrai chef spéléo de ce groupe des Vans qui n’a pas peur de participer et de donner l’exemple.
     Il est 13h, en haut du puits Gontard nous entendons les autres qui remontent, nous les attendons au sommet pour les aider. Nous hissons les nombreux sacs, une équipe de Privas, la Voulte et le Cheylard vient d’arriver, ils vont bien aider à la remontée, ça nous arrange bien. Après il faut déséquiper les puits, plier le matériel, ça va lentement mais ça monte. Au bas du puits du Cairn nous remontons un méandre affluent sur au moins 200m. Sortie à 19h30, c’est la grande forme, il faut aller au camp manger un graillou puis prendre du matériel et le ramener à la Molière, encore une fois une heure de marche avec 3 sacs.

     A Autrans nous irons boire le verre de l’amitié, l’expédition s’est dans l’ensemble bien passée, et nous pouvons être fiers de nous. Nous arriverons à minuit et demi à Aubenas.
Nous avons fait le gouffre Berger : cette expédition qui aura regroupé pour 3 week-ends la plupart des clubs de l’Ardèche, aura resserré les liens d’amitié qui existait entre eux, et aura fait connaître à beaucoup la spéléo du Vercors qui est autrement plus sportive que celle que nous pouvons pratiquer en Ardèche.
Participer à une telle expédition demande non seulement d’aider à équiper, visiter, mais aussi de participer au travail ingrat qui est le déséquipement et le portage, et je crois qu’un vrai spéléo doit trouver un certain plaisir à remonter des sacs, en baver, il pourra dire j’ai participé à toute l’expédition.

                                                                                    Hubert Oddes

Clubs participants :

Groupe Spéléo la Voulte, les Vans, Privas, Aubenas-Vallon, St Marcel et le Cheylard.

Le S.C.A.V en 1967 au départ pour un camp souterrain de 4 jours dans les nouveaux réseaux d'Orgnac. Combis coton, chaussures en cuir, lampes Arras et sacs à patates pour le matos... 
 Alain Lamotte "Alouze", Hubert Oddes, Michel Etienne "Jeff" , Jacques Felenc, 2 spéléos du camp des Gorges, Pierrot Debanne et Roland Oddes.




L'affiche pour annoncer la projection de notre montage à Aubenas et de nombreuses autres fois (  maisons familiales, salles des fêtes ...  )


Topographie extraite de Spéléo n°29.



Gouffre Berger 1973


EXPEDITION AU BERGER 22 Juillet et 29 Juillet 1973

     Le samedi 22 juillet nous partons à 20h30 d’Aubenas en 4L, il y a Hubert, Roland et Jacquot Teyssier, la voiture est bien remplie de matériel et le ciel est chargé d’électricité, en effet un orage assez dément se prépare, le ciel est strié d’éclairs et vers l’Escrinet et les averses commencent.
Tout le long de la route nous aurons l’orage et à la Molière à 23 h nous nous arrêtons toujours sous l’orage. La tente est plantée à la lueur des phares en un temps record et nous plongeons dans nos duvets pour un sommeil réparateur. Levés à 7h30, le temps s’arrange un peu, nous plions le matériel et gagnons le camp de base à la cabane d’Engin.
     Là, sont tous les grenoblois ainsi que Popeye ( Jean-louis Bayle ) qui nous raconte leur sortie en catastrophe cette nuit du gouffre. En effet à -900, point le plus bas équipé, l’équipe a été surprise par l’orage violent qui s’abattait sur le plateau, la remontée s’est effectuée en varappe au-dessus de la rivière en crue dont le débit a dû atteindre les 5m³. Plusieurs fois ils sont passés sous l’eau et le courant était tel qu’il devaient s’encorder. Bref, ils ont réussi à sortir et c’est le principal.
     Avec Jacquot, nous nous préparons, mangeons un bon beefsteak, prenons un sac de matériel et nous dirigeons vers le gouffre. La descente s’effectue rapidement, à l’Aldo -200 il y a un peu d’eau, mais dans la rivière la décrue s’est effectuée, seul des traces de mousse à 2 m au-dessus du niveau normal attestent de la violence des eaux lors de cette crue.
A -400 nous sommes proches du Grand Chaos, à -500 nous voici au camp, nous laissons notre graillou et amenons les sacs de pontonnières à -650. Au vestiaire à -640, Roland et Jacquot prennent la ponto, mais à 20m un rideau d’eau tombant du plafond les arrête. Retour à -500, graillou et remontée. Roland n’a pas la grande forme et traine la patte, Jacquot va bien.
Nous sortons vers 20h, il fait juste jour mais le ciel est beau. Au camp : plus personne car les grenoblois reprennent le boulot le lendemain. Lundi : bulle... puis un Grenoblois nous mène voir l’entrée du P2 (-280) du Jean Noir et du P125. Puis retour vers 16h30 à la Molière, très beau soleil. A 20h arrivée à Aubenas.


DEUXIEME SORTIE : WEEK END du 29 juillet 1973

    Départ de 2 voitures d’Aubenas, dans la 4L : Hubert et Roland, dans la 204 : Popeye, Badingue et Olivier. La 204 restera à Grenoble tandis que nous nous dirigerons vers la Molière. Arrivée à minuit nous plantons la tente sous le brouillard très froid. A 6h du matin les jeunes d’Aubenas sont amenés par leur parents, Michel Roux, André Bonhomme et Bernard Mathon, ils attendent qu’on se réveille à 8 h, le soleil luit, nous préparons nos affaires, Popeye arrive, les sacs sont prêts.
Nous partons pour le camp de base situé à 15 minutes du gouffre. Nous sommes lourdement chargés, il faut ¾ d’heure pour y arriver. Au camp nous trouvons beaucoup de monde, beaucoup de tentes, l’animation règne. Nous disons bonjour aux copains et déballons un peu nos affaires. Après un bon repas et avoir préparé une gourde de potion magique, à base de protéines en poudre pour descendre au fond, nous préparons les sacs, car il fait trop chaud pour s’habiller au camp et prenons la direction du gouffre.
A 15h, la descente a commencé, Popeye, Olivier, Badingue, puis Roland et Hubert, ensuite Riquet et un Grenoblois. La descente des puits s’effectuera au descendeur, dans les méandres nous prenons un rythme lent pour ne pas transpirer, ce qui occasionne lors de la fatigue, des crampes par fuite d’ions, et sommes à -250 en une heure où nous trouvons la rivière assez grosse.
Il a encore plu la semaine et vu le débit je suis sceptique sur la possibilité d’aller au fond. Dès le départ de la Grande Galerie nous utilisons le canot, à 3 dessus en pagayant avec les mains gantées de caoutchouc pour ne pas trop sentir l’eau à 4°. Nous sommes pratiquement tous regroupés à -400 sauf Riquet et son collègue. A -500 nous avons chacun un sac, nous laissons de la bouffe et attaquons les gours qui débordent tous et au puits du Balcon à -600 nous passons à l’extrême droite car l’eau coule sur toute la largeur. Je m’aperçois que j’ai laissé mon descendeur à -500, je suis obligé de remonter, et croise Riquet qui arrive.
A -640 au Vestiaire, nous enlevons notre barda, baudrier, combi, bottes et prenons nos pontonnières en plus ou moins bon état, nous reprenons le barda par-dessus et attaquons la Rivière sans étoile. Popeye, Olivier et Badingue partent en premier. Nous les retrouverons seulement à -800, suit Hubert, Roland et Riquet. La rivière est assez forte, néanmoins les mains courantes sont praticables. Quelques ressauts ne sont pas équipés et il faut faire un peu de gymnastique pour passer sur l’eau écumante, avec un sac c’est parfois assez délicat.
Le bruit dans cette galerie est dément, le débit doit être de 200l / s au moins, et la galerie n’est pas large, 1 à 2 m. La roche est noire, luisante, l’ambiance est bonne, la frite y est. A -700 c’est la Claudine qui se jette de 17 m dans un grand gour, passage sur le mât, descendeur, arrivée, on part vite car les embruns ne font pas de cadeaux. Chaos, galeries, nous sommes au sommet du Grand Canyon, nous apercevons nos 3 amis 100 m plus bas, petites lumières dans cette immensité noire, la descente s’effectue sur la droite, au bord de la paroi, la pente est raide et glissante.
A -880 sommet du puits Gaché, l’équipement s’arrête là. Riquet et son ami arrivent, les échelles sont préparées, la petite vire est équipée en main courante par Popeye, la descente continue, 20m plus bas on atterri sur une plateforme éclaboussée par la cascade, ressaut de 3m, ensuite ressaut du Singe, qu’il faut équiper à droite de façon un peu acrobatique, on descend pour atterrir dans un gour profond.
Popeye se mouillera un peu. Après les autres tendront la corde, ça passera, ensuite c’est la Grande Cascade, équipée en 2 fois, haute de 27m, l’eau l’arrose copieusement et furieusement, au bas toujours un gour profond, suit une galerie qui va s’abaissant, puis passage où il faut se mettre à plat ventre sur les galets, virage à gauche, encore un peu de « ramping », les parois sont couvertes de mousse, il ne faudra pas être là lors d’une crue. Et nous arrivons à coté d’un siphon où la rivière ressort, ensuite c’est la « Vire-tu-oses », que Popeye va encore équiper, « quelle pêche il a » !
Il lui faudra quand même une heure pour équiper car elle est assez technique. Les mains courantes sont posées, mais le passage est quand même assez délicat, il faut avoir une double longe pour passer les points d’amarrage. L’eau se jette avec fracas dans un puits noir de 20 m, le bruit est tel qu’on ne sait pas bien si le copain est arrivé, il faut crier fort, on se longe, descendeur, vers le bas ça éclabousse dur, où est le passage ? l’eau forme une grille « mais pourtant la corde y passe au travers , ce doit être là le passage », on passe vite, tout s’éteint, ça mouille, on descend dans le noir, tout se calme, « ouf ! passés »!.
     Les copains sont à la réception « que d’eau les enfants », arrivée délicate, Roland, Riquet et Popeye sont passés à l’eau, heureusement ils ont des pontonnières.
Suit un toboggan de 20 m, donnant directement sur le puit de l’Ouragan de 47m ! Le départ a 2m50 de large et l’eau l’occupe sur toute la largeur, sur une hauteur de 15 à 20 cm d’eau. Le débit est énorme, intérieurement je râle d’être arrêté si près du fond, car on nous a assez dit, s’il y a un peu d’eau c’est infaisable, je fomente des projets pour voir quand est ce que je pourrai redescendre faire le pont, l’année prochaine, l’année d’après, c’est quand même râlant d’être arrêté à -980.
Nous allons au-dessus du puits par la vire qui le surplombe à gauche, nous sommes tous là,« il y a de l’eau les gars » « c’est impossible », « moi je ne descends pas », « moi non plus », « c’est bon pour ne pas remonter ». Puis Popeye sort les échelles, le puits est équipé, « je vais voir », il descend, cela dure un certain temps, puis on entend gueuler, Badingue va voir puis Riquet, ensuite les autres suivent, au bas j’aperçois les petites lampes dans une grande galerie toute noire, c’est vraiment impressionnant, surtout avec le bruit de la cascade de 50m
Je me longe, place le descendeur, et attaque, pas trop vite, ça va bien, ça mouille pas, « aie, parlé trop vite », quelques embruns arrivent, j’accélère, de plus en plus d’eau et quel vent à l’arrivée, cette eau provoque un sacré déplacement d’air, vite on se défait pour se mettre à l’abri des embruns. « Arrivé » !
La galerie est vaste et chaotique, on va descendre de 80m à 100m sur des blocs, nous voyons à -1075m l’arrivée de l’affluent, le débit est vraiment gros, c’est impressionnant dans cette galerie noire de 30m de large, luisante, on descend encore un peu, la galerie ne fait que 4m de large, le courant est très fort, nous sommes à -1105 m, on ne peut aller guère plus loin. Le siphon est proche, nous sommes heureux, je ne croyais pas aller au fond cette fois, le Berger est vraiment un grand trou c’est formidable, mais vraiment le plus dément est de -900 à -1100, il semble qu’avant ce ne soit rien.
Arrêtons de soliloquer, il faut remonter, nous sommes rapidement au bas de l’Ouragan, Roland monte en premier, il met pas mal de temps, en descendant on ne se rend pas compte de la profondeur, mais pour remonter cela va moins vite, je le suis, Badingue me tire la corde car je n’ai pas de cagoule fixe sur ma combi, et cela m’évite d’être trop mouillé, on sent l’eau sur environ 25m, après c’est plus humain.
Arrivés au sommet, nous commençons par remonter pour ne pas faire poireauter au bas des puits, « ça ne pinaille pas » et nous ne perdons pas de temps, « arrivé », on place le frein et on attaque. Au sommet de la grande cascade nous attendons, panne d’éclairage acéto, vite réparée, re-départ, nous voici au Gaché on est à -980. Il est vrai que ce qui nous attend est moins dément que ces passages, les puits ne sont plus arrosés. A -890 nous faisons tous une pause et cassons une graine, « Badingue nous raconte comment il a failli se noyer, il était attaché à une corde par son frein, qui l’a tiré en arrière, il est tombé dans un gour à -970, a disparu sous l’eau, il était coincé par la corde, Riquet qui arrivait l’a aidé à sortir, mais il s’est trempé, heureusement c’est Badingue ! » 
     Nous débourrons les lampes, et attaquons la remontée du Grand Canyon, lentement car la fatigue se fait sentir, que les autres sont petits, ils n’ont pas encore démarré qu’on est presque en haut. -720 au bas de la Claudine, on ré-attaque la rivière, chacun a un trou plus ou moins gros dans sa ponto, sauf Riquet et nous sortons de la rivière de l’eau plein les bottes. -640 on quitte la pontonnière, on est sorti des passages déments, on plie les pontonnières pour les remonter, chacun remontera la sienne dans un petit sac.
A -500 gros graillou, Popeye nous réserve une surprise, il nous prépare quelque chose, nous dit de nous approcher, il jette une allumette dans un récipient, aussitôt une grande flamme jaillit, nous l’entourons aussitôt il s’agit d’un bidon d’essence qu’il a dégoté dans un coin, la flamme dure 10 minutes, nous ouvrons les "Rexotherms" trempées, les "Rovyls" fument, un petit moment le devant, un petit moment le dos, quel bien cela fait, puis la flamme décroit, « brrrr ! » le froid s’insinue, il était là à nous guetter, « Popeye encore ! », seconde flambée, puis une dernière, il n’y a plus d’essence, il faut repartir, auparavant nous avons fait chauffer un bon thé et un bon chocolat, la forme va, on se fringue et on attaque. Il faut une heure pour arriver à -250, les puits sont attaqués « mollo », nombreux arrêts pour se ménager, toujours par équipe de deux, les jambes tirent un peu mais ça va, voici le puits Ruiz 30 m de verticale, la sortie est là, il est 8h du matin. 
     Temps passé sous terre 17h, le soleil brille, nous sommes heureux, depuis le temps que nous essayons d’aller au fond ça a été juste, mais le piment n’en a été que meilleur. A la Molière nous dormons 2 h, puis il faut se préparer, 16h les sacs sont chargés, a 17h départ de la Molière, Popeye et Badingue suivent jusqu’à Privas, nous avons quand même un peu sommeil.
     Nos jeunes spéléos du groupe d’Aubenas sont allés faire le réseau de la Boue et n’étaient pas encore dehors lorsque nous sommes partis.

                                                                                    Hubert Oddes


Sortie des anciens, décembre 2019 à l'aven du Devès à St Laurent sous Coiron.
Pierrot Debanne, Hubert Oddes, Jacques Duny , Gilbert Platier,  Alain Lamotte "Alouze"et Roland Oddes.

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